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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/410

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Le restaurant coopératif à bon marché, qui rend tant de services, surtout au milieu de la journée, est facile à créer quand un ou plusieurs groupemens professionnels viennent en assurer la clientèle dans le voisinage des ateliers.

Il en est de même des villégiatures à la campagne, soit le dimanche, dans les environs des villes, soit pendant les vacances, dans la montagne ou au bord de la mer. Nous connaissons déjà plusieurs associations professionnelles de femmes dont les membres, trop heureux de fuir, pour quelques jours ou quelques semaines, l’air anémiant de l’atelier, saisissent la moindre occasion de gagner ainsi une maison de repos et d’y réparer leurs forces. Mais, dira-t-on, il n’est pas besoin de former un syndicat pour prendre le chemin de fer et aller respirer l’air de la campagne. Assurément ; toutefois, si, au lieu d’être isolée, la femme ou la jeune fille se présente avec un nombre de compagnes de quelque importance, l’association obtiendra, à des conditions de location avantageuses, une maison pour elle seule. En voyage et dans leur installation même, les associées du travail quotidien se retrouveront avec leurs meilleures amies, formant cette seconde famille qui est la famille professionnelle, et l’heureux résultat en sera doublé au point de vue à la fois moral et économique.

Que l’on ne dise pas que tout cela est un rêve et qu’il est difficile de faire tenir dans la même organisation tant de choses compliquées ! Tous les services que nous venons d’énumérer fonctionnent déjà dans des syndicats que nous connaissons. Nous pourrions même nommer tel syndicat d’institutrices et tel autre d’employées qui, par suite d’arrangemens avec des établissemens d’instruction et d’éducation d’Angleterre et d’Allemagne, y envoient au pair des jeunes filles désirant se perfectionner dans les langues étrangères. Des personnes, qui ont éprouvé mille difficultés à créer certaines œuvres pour jeunes filles et femmes, sont étonnées de la facilité avec laquelle tout s’arrange quand elles tombent sur la clientèle de tout un groupement déjà formé. Elles connaissent les inconvéniens qu’il y a à s’adresser à des ouvrières ou à des employées appartenant aux métiers les plus divers, réparties dans la vie sans lien commun entre elles et formant ce qu’on appelle justement la pulvérisation du monde du travail. Il n’est pas besoin d’insister à cet égard sur les avantages de l’association rationnelle, c’est-à-dire