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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/412

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dans les discussions parlementaires, quand il s’agit de leurs intérêts économiques, manquent rarement de faire entendre leur voix et de mettre en branle les influences dont ils disposent. Pour la loyauté de la controverse et pour la lumière du débat, il convient, d’autre part, d’appeler les syndicats ouvriers à exprimer leur avis en restant d’ailleurs exclusivement sur le terrain professionnel. En cette matière, l’éducation sociale des syndicats et en particulier des syndicats féminins reste à faire en France, dans la plus grande partie de la classe ouvrière. Il y a là une besogne à accomplir. C’est la condition d’un pays libre que les associations, légalement constituées, puissent s’y mouvoir à leur aise et prendre part aux discussions conduites au grand jour, sans que le bon ordre ait rien à en redouter. Nous avons dit combien un journal professionnel les y aidera. Pour compléter l’éducation et l’instruction sociales des syndiquées, mentionnons également la nécessité d’une bibliothèque syndicale ou d’un abonnement à toute revue ou bibliothèque circulante dont on pourra espérer tirer profit.

La constitution enfin de solides associations professionnelles a un autre avantage au point de vue social. Elle fait surgir des dévouemens et crée ainsi une élite de dirigeans. Dans les syndicats féminins, cette élite se trouvera rapidement dans ce lot de présidentes et secrétaires, intelligentes et exactes, qui ne manquera pas de se créer. Toujours prêtes à renseigner leurs compagnes, elles géreront fidèlement leurs intérêts ainsi que les diverses caisses qui leur sont confiées, et s’occuperont également de faire les démarches nécessaires au profit des professionnelles en particulier et de la profession en général. Ainsi s’établira, fondée sur les services rendus, une hiérarchie que bien des groupemens pourront envier à nos syndicats.


VII

Tels sont les organes variés dont semble devoir être pourvue l’association professionnelle type, ce syndicat qui n’est plus d’ailleurs dans le domaine de l’utopie, puisque nous le voyons réalisé aujourd’hui si heureusement dans plusieurs associations répandues dans diverses villes de France, et, en particulier, à l’Union des syndicats professionnels féminins, dont le siège social est 5, rue de l’Abbaye, à Paris.