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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/420

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condition sine qua non que doit remplir un appareil volant, à quelque système qu’il appartienne, pour être en état de fermer au moins sa trajectoire. — Si, par inadvertance, on était tenté de croire que la faible densité de l’air et la fugacité de tout point d’appui pris dans ce milieu sont des obstacles sérieux à la propulsion et que, par suite, la Navigation aérienne se trouve, à ce point de vue, dans des conditions plus défavorables que la Navigation maritime, on se tromperait du tout au tout. Dans les deux cas, en effet, la réaction du propulseur, quel qu’il soit, réaction qui produit le mouvement désiré, est proportionnelle à la densité du milieu ambiant ; mais c’est aussi à cette densité qu’est proportionnelle la résistance à vaincre, et l’air est environ 800 fois moins dense que l’eau. Par suite, dans l’air, où la résistance est donc 800 fois moindre que dans l’eau, la réaction à obtenir du propulseur est réduite dans les mêmes proportions.

En ce qui concerne les dirigeables, on pourrait croire, cependant, que vu l’énorme capacité et, par suite, l’énorme surface de leur carène, la résistance à vaincre doit être, quand même, très considérable. Ce serait encore une erreur. L’expérience montre qu’un dirigeable pisciforme tel que le Lebaudy avec son ballon (carène) d’une contenance de 3 000 mètres cubes à peu près, ses plans stabilisateurs, son gréement, sa nacelle, etc., n’exige, pour atteindre une vitesse propre de 11m, 80 à la seconde, qu’un effort de traction de 210 kg. environ. L’important est de donner à l’hélice une forme, des dimensions et une vitesse de rotation telles que les molécules de l’air se trouvent frappées assez rapidement pour être hors d’état de fuir et de se presser les unes contre les autres.

A l’origine, ces ballons ne possédaient qu’une seule hélice, douée de peu de vitesse, mais d’un grand diamètre : l’hélice de la France, le fameux aéronat dont il a été question tout à l’heure, avait 7 mètres de diamètre et ne faisait que 55 tours à la minute. Ensuite, on a diminué le diamètre, et, en même temps, augmenté la vitesse : des hélices tournant très vite, doivent, il semble, mordre mieux dans l’air. Déjà l’hélice du Santos-Dumont n° 6 faisait 400 tours et n’avait que 4 mètres de diamètre. Actuellement, on augmente encore le nombre de tours et, aussi, le nombre des hélices : le Lebaudy, — comme la plupart des paquebots de grand tonnage, — a deux hélices, de