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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/441

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haut ; — 2° qu’une partie considérable des plans stabilisateurs soient situés au-dessous de la carène. Depuis les travaux du colonel Renard, on peut, en effet, regarder comme établi que, pour reculer à l’infini la vitesse critique d’un dirigeable, c’est-à-dire pour assurer sa stabilité à toutes les allures, il faut que les organes fixes de stabilisation soit placés à l’arrière de la carène, dans le prolongement de son axe, ou symétriquement de part et d’autre, tout comme les plans stabilisateurs que porte une flèche.

C’est ce qui a été réalisé, tant bien que mal, dans le ballon Ville-de-Paris, construit par MM. Surcouf at Kapferer, sur des plans donnés par le regretté directeur de Chalais-Meudon, et où, abstraction faite du gouvernail de direction et de deux autres, horizontaux, l’un de centre, l’autre de queue, placés un peu au-dessus de la nacelle, la stabilité n’est assurée que par un empennage placé tout entier à l’arrière de la carène et constitué par un faisceau cruciforme de huit tubes en étoffe, réunis deux à deux, gonflés d’hydrogène, calculés de façon que la force ascensionnelle du gaz soit annulée par le poids de leur enveloppe. Mais il est évident que ces tubes, par leurs dimensions, créent de nouvelles surfaces de résistance qui contribuent à diminuer la vitesse et que, de plus, l’étranglement qui les sépare du corps de la carène ne peut que nuire à la solidité de l’ensemble. On peut reprocher aussi à ce dirigeable de n’avoir qu’une hélice, placée à l’avant de la nacelle, et trop bas, ce qui rend l’atterrissage difficile. Aussi, malgré quelques sorties heureuses, qui ont montré sa parfaite stabilité, ce ballon, quoique d’un volume à peu près égal à celui de la Patrie et armé d’un moteur de même force, n’a jamais pu l’égaler en vitesse, comme l’a prouvé, sans conteste, son voyage de Paris à Verdun, où il est allé la remplacer.

Et, maintenant, sans méconnaître les progrès accomplis, une vitesse absolue de 12 mètres en moyenne, comme celle de la Patrie, est-elle réellement suffisante pour des machines auxquelles on demande de fournir une solution, même partielle, du problème de la conquête de l’air ? L’observation montre qu’à 3 ou 400 mètres au-dessus du sol, des vents de 10 à 12 mètres et plus soufflent pendant à peu près un tiers de l’année : s’en tenir à une vitesse de 12 mètres, c’est donc s’interdire de sortir un jour sur trois. Si même nous considérons que les ballons