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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/444

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étendu, grâce à leur force ascensionnelle nette d’environ 18 000 kg. Pour l’instant, il n’y faut pas songer. Le général Zeppelin lui-même refuserait, sans aucun doute, de s’engager dans une entreprise aussi téméraire, lui qui, le premier cependant, a osé aborder la construction de ces ballons lourds, mais rigides, de 11 000 à 12 000 mètres cubes, dont on a ri pendant dix ans, mais que l’on commence tout de même à prendre très au sérieux.

C’est qu’en effet si, pour un instant, on laisse de côté le facteur « capacité de transport » pour ne se préoccuper que du facteur « vitesse » qui, au point de vue du rayon d’action, a bien son importance, il s’agit de savoir, à l’heure actuelle, qui doit l’emporter, à cet égard, du ballon cylindrique, symétrique et très allongé ou du ballon fusiforme, dissymétrique et moyennement allongé, du système rigide ou du système souple, de l’école allemande ou de l’école française. La première prétend que si les ballons d’étoffe peuvent réussir avec des vitesses moyennes, ils ne pourront pas aller très vite sans voir leur proue, à un moment donné, enfoncée par la pression du vent ; la seconde soutient le contraire ; au fond ni l’une ni l’autre n’en sait rien. Ce qu’on peut affirmer, en tout cas, c’est que l’armature métallique a, pour elle, de simplifier la construction et les manœuvres, en permettant la suppression du ballonnet et des organes nécessaires à son jeu. Mais le fait que le poids utile du Zeppelin n° 3, le seul sur lequel on puisse un peu parler en connaissance de cause, n’atteint guère que 3 000 kg. (voyageurs, lest et combustible compris), ne saurait compenser ce faible avantage. De ce poids, remarquons-le, il faut, en effet, avec le moteur de 170 chevaux affecté à l’aéronat, défalquer, si l’on veut pouvoir marcher dix heures, comme la Patrie, 600 kg. environ d’essence, ce qui le réduit à 2 400 kg., chiffre bien faible en regard des 7 000 kg. d’un dirigeable Julliot de même tonnage, et qui montre combien l’emploi des carènes métalliques, s’il venait à s’imposer, en réduisant la capacité de transport, aurait pour effet de faire évanouir, au moins en partie, les espérances formulées tout à l’heure.

Naturellement, l’aluminium est mis à contribution, dans les Zeppelin, pour constituer la charpente de leurs carènes. Celle du n° 3 est formée de méridiennes maintenues transversalement au moyen de 15 cerceaux rendus rigides avec des rayons métalliques