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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/461

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ESSAIS ET NOTICES

LA RUSSIE ET LE SAINT-SIÈGE[1]

L’année 1417 marque une date mémorable dans l’histoire de la Papauté. En cette année, au mois de novembre, le conclave, assemblé à Constance, appelle le cardinal Colonna au trône pontifical, après avoir déposé l’anti-pape Benoît XIII. Le nouvel élu ceint la tiare, sous le nom de Martin V. Arrivé à Rome, à l’automne de 1420, il reprend en peu de temps l’entière possession du patrimoine de saint Pierre et après avoir vaincu l’hérésie des Hussites, qui avait si profondément troublé l’Occident, il entreprend de mettre un terme aux dissentimens religieux qui, dans l’Orient, séparaient l’Église grecque dont le siège était à Byzance, de l’Église latine dont le siège, après un long exil à Avignon, venait d’être rétabli à Rome.

Ce schisme durait depuis près de six cents ans. Il était l’œuvre de Photius, le plus illustre des patriarches de Constantinople. En 859, on avait vu Photius lever contre le pontife romain le drapeau de la rébellion et, pour se créer des griefs, donner aux questions liturgiques la même importance qu’aux questions dogmatiques, de manière à grossir le faisceau des hérésies dont il accusait les Latins. Quatre siècles plus tard, la révolte de l’Orient n’était pas apaisée. Les incidens auxquels elle donnait lieu, trahissaient plus vivement que jamais, chez les

  1. La Russie et le Saint-Siège, études diplomatiques, par le P. Pierling. 4 vol, 1906-1907, Plon.