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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/476

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l’affaire d’Azemmour n’a nullement été provoquée par le désir qu’aurait eu le général d’Amade d’aider indirectement Abd-el-Aziz. Au surplus, si nous voulions l’aider, le meilleur moyen serait, pour lui comme pour nous, que nous procédions le plus vite possible à l’évacuation de la Chaouïa. Le bruit a couru avec persistance que l’infortuné et faible souverain allait se mettre en marche, à la tête d’une mehalla, et se rendre àMarakech C’est assurément ce qu’il aurait de mieux à faire, s’il a encore une mehalla et s’il est sûr de sa fidélité ; la marche d’Abd-el-Aziz sur Marakech, ou sur Fez, a été annoncée si souvent que nous n’y croirons plus que quand nous la verrons. Et puis, ce n’est rien de partir, il faut arriver. Abd-el-Aziz partira-t-il ? Abd-el-Aziz arrivera-t-il ? Quoi qu’il en soit, on annonce que, dans sa marche sur la capitale du Sud, il passera au large vers l’Est et contournera presque la Chaouïa, afin de ne pas paraître marcher à l’ombre de nos baïonnettes et d’avoir l’air d’être notre protégé. Il fera bien, assurément ; mais nous ferions encore mieux de nous replier nous-mêmes vers la mer, à tout événement. Si Abd-el-Aziz se décide, en effet, à se mettre en marche, et surtout si un conflit se produit finalement entre les deux frères, la tentation d’intervenir au profit de l’un des deux s’exercerait sur nos troupes avec une force peut-être irrésistible : il est plus sage de ne pas les y exposer. Il ne faut même pas les exposer aux soupçons : on vient de voir combien ceux de M. Jaurès étaient mis facilement en éveil, et probablement ils ne sont pas les seuls dans le même cas. Le moindre écart de conduite pourrait nous entraîner dans d’inextricables complications Les Chambres sont sur le point d’entrer en vacances : les responsabilités, bientôt, appartiendront au gouvernement seul.


La fin de la session parlementaire a été assez terne. Le Sénat, après avoir voté le rachat de l’Ouest, n’a plus rien fait d’important : il s’est reposé sur ses lauriers, non pas peut-être sans quelques remords. Quant à la Chambre, elle a discuté à bâtons rompus le projet d’impôt sur le revenu, au milieu de quelques autres, jusqu’au moment où la chaleur, la lassitude et l’embarras où elle était de se prononcer pour ou contre la peine de mort, l’ont dispersée. Le gouvernement a senti que le moment était venu de faire voter les quatre contributions directes : c’est le coup de cloche qui annonce annuellement le départ.

La discussion de l’impôt sur le revenu a montré que la Chambre, effrayée par momens de l’œuvre qu’elle accomplit, est capable d’avoir