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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/623

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l’intelligence helléniques exaltaient l’orgueil national. Il en résultait une ardeur d’émulation. Ceux qui avaient vu ces spectacles en rapportaient sûrement des exemples qui fructifiaient dans leurs lointaines patries. Olympie a contribué plus qu’Athènes elle-même à la diffusion de l’esprit grec.

On y accourait de toutes les contrées méditerranéennes, des villes opulentes surtout, — de Rhodes, de Cyrène, d’Agrigente, de Syracuse, de l’Asie Mineure et des îles de l’Archipel. Les Romains, à leur tour, y affluèrent, en curieux, en dévots aussi : car le sanctuaire d’Olympie n’avait d’égal en sainteté que celui d’Eleusis. Puis, la gloire de l’olivier olympique finit par les tenter, eux aussi. Néron, empereur du monde, voulut être couronné dans l’enceinte de Zeus, comme un bourgeois de Sicile ou de Béotie.

Le prestige des fêtes, qui se célébrèrent pendant plus de dix siècles dans ce petit canton de l’Elide, est resté si grand qu’aujourd’hui encore le seul nom de « jeux olympiques » attire dans la moderne Athènes tout ce qu’il y a d’Hellènes enrichis sur les bords de la Méditerranée orientale, sans parler des cohues de touristes occidentaux. C’est la même rivalité d’ostentation qu’au temps du bon Pindare, — une rage subite de jeter l’argent par les fenêtres, pour éblouir l’étranger, ou, plus noblement, pour faire honneur à l’Hellade immortelle…

J’arrivai à Olympie dans la seconde quinzaine d’août, à peu près à l’époque où se donnaient autrefois les jeux. Les moissons étaient finies, on commençait déjà les vendanges.

A partir de Pyrgos, le chemin de fer suit une jolie vallée couverte de cultures, avec des villages ensoleillés à mi-côte. Partout, à proximité de la voie, sur des aires en plein vent, des raisins séchaient, et les jonchées de grappes luisaient comme d’étranges mares violettes, dans le vert illimité des vignes.

Puis, à mesure qu’on se rapproche d’Olympie, la solitude se fait peu à peu, les villages disparaissent. On descend de wagon au milieu des champs, où, çà et là, se dressent quelques hôtels et de misérables auberges. Et, tout de suite, on a l’impression d’un pays doux, reposé, accueillant. Nulle part, en Grèce, je n’ai