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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/685

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quand l’Angleterre prétendait arrêter les denrées américaines à destination de la France : la guerre n’a pas le droit d’empêcher les neutres de gagner leur pain. A défaut du transport des objets pacifiques, celui des armes sera-t-il interdit ? Non, car défendre au belligérant de s’en approvisionner en cours de lutte, c’est inviter les États à former à l’avance des stocks formidables, les épuiser en arméniens ruineux, et les exciter à la guerre en donnant aux mieux munis une supériorité trop coûteuse pour ne pas s’employer au plus tôt. Hostile à la décroissance des arméniens et même à la paix, la contrebande des armes apparaît comme incompatible avec le progrès. Son abolition, chère à l’espérance rêveuse de l’Écossais Lorimer, entre dans l’atmosphère rayonnante d’idéal d’une conférence de la paix comme la forme lointaine et désirable d’un droit meilleur.

De cette pleine liberté du trafic, soit ennemi, soit neutre, une conséquence se dégage. Elle a trait au blocus. Opération militaire, dirigée contre une place forte, le blocus est légitime ; opération économique employée contre le commerce, il est injuste, car ce que le belligérant ne peut faire en vertu de son droit, il ne saurait le faire en vertu de sa force.

Comment traiter les mines ? Armes aveugles, elles frappent sans distinguer le neutre et l’ennemi, mais armes simples, elles défendent économiquement de longs rivages. Si les grands cuirassés, les Dreadnoughts géans, sont la coûteuse menace des forts, les mines forment, à peu de frais, la simple et commode protection des faibles ; une conférence de la paix ne repoussera pas ce moyen, pour les petits États, d’éviter l’ambition des grands. Mais peut-elle oublier que, si la mine frappe le neutre, entrave son commerce ou coule ses navires, une nouvelle menace d’hostilités surgit ? Chasser la mine amarrée de la haute mer, exiger que la mine flottante, jetée pendant le combat, perde rapidement son pouvoir nocif, et que la mine fixe, d’usage côtier, devienne inoffensive dès qu’elle a rompu ses amarres, puis, défendre le blocus par mines, parce qu’en cas d’infraction il substituerait la mort à la capture : tels sont les principes que l’humanité commande.

Le bombardement des villes ouvertes a nettement un caractère d’attentat à la population pacifique : il doit être interdit.

Enfin, la question du charbon se résout d’elle-même. Plus d’un