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Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 46.djvu/837

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establie à Paris » à la « Compagnie du Tres Saint Sacrement establie à Marseille. » Datées, signées par les envoyeurs, scellées par eux du sceau de la Compagnie[1], datées à nouveau et classées par les destinataires, pleines de faits et de noms propres, ces deux cents feuilles nous donnent lieu de suivre chronologiquement, et de tout près, l’activité du groupe marseillais ; — de saisir, dans son intimité vivante, l’action exercée par l’assemblée parisienne, fondatrice, sur une de ses plus importantes succursales ; — d’étudier incidemment l’une des initiatives charitables qui, à Paris, se rattachent à l’œuvre de la Compagnie ; — de constater enfin, une fois de plus, son caractère essentiellement secret[2].


I. — LA COMPAGNIE DE MARSEILLE

Dans la lettre par laquelle, le 5 mai 1639, les supérieur, directeur et secrétaire de la Compagnie du Très Saint Sacrement de Paris félicitaient la Compagnie de Marseille de sa constitution, il y avait, au milieu des complimens solennels et des pieux souhaits de bienvenue, un de ces audacieux conseils dont la Compagnie était coutumière : « Messieurs, écrivaient les confrères parisiens, « nous prenons de grands augures de tant de ferveur en la situation où vous êtes ;… nous espérons que vous porterez par dessus la mer la bonne odeur du Dieu du ciel, et, que vous étant puissamment confirmés dans son honneur et dans son service, vous en ferez part à tous les endroits de la terre où vos matelots adresseront leur commerce et où vos soldats porteront leurs victoires. »

La Compagnie de Paris indiquait tout de suite à sa nouvelle

  1. Petit cachet de cire rouge représentant un calice d’où sort une hostie, entre deux colonnettes ou deux candélabres.
  2. De ces lettres, classées à la Bibliothèque Nationale aux Nouvelles Acquisitions françaises, 21091, in-f°, nous faisons paraître le texte intégral dans une brochure (Paris, H. Champion), où les chercheurs qu’attire cette histoire parfois piquante d’une société secrète trouveront, nous l’espérons, des renseignemens utiles. Car beaucoup de noms propres y sont cités, de confrères du Saint Sacrement de toutes les compagnies de France. En outre de cette correspondance, nous avons utilisé des lettres publiées par le P. Henri Chérot, dans les Études des PP. de la Compagnie de Jésus de 1900, et surtout, des extraits, que M. Georges Guigues, archiviste du département du Rhône et dom Beauchet Filleau ont bien voulu nous communiquer, de diverses pièces relatives au Saint Sacrement de Marseille et de Lyon, pièces qu’ils se proposent, l’un et l’autre, de publier prochainement.