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1er août. — Les petits d’Artois partent demain matin pour aller rejoindre l’armée qui sera déjà entrée en France lorsqu’ils arriveront, puisque le duc de Brunswick, à la tête de 50 000 Prussiens, doit être parti aujourd’hui pour se rendre tout droit à Paris. Je croyais que leur départ m’aurait fait bien de la peine, mais j’ai vu que non, parce qu’ils paraissent si peu touchés que cela m’ôte tous les sentimens. Ils furent toute la soirée fort gais, ou du moins ils paraissaient l’être, au point que cela m’a indigné. Pour M. de Sérent, on ne pouvait douter qu’il ne fût hors de lui-même de contentement. Je leur ai donné l’adieu pour la vallée de Josaphat !


Bien des intrigues venaient jeter la zizanie dans cette petite cour de Piémont. Dès le début de 1790, le renvoi en France par la princesse Louise de sa dame d’honneur, Mme de Lambertie, avait fait l’objet de maints commentaires dont Charles-Félix se fait l’écho.


2 mars 1790. — Mme de Lambertie est partie ce matin pour s’en retourner en France. On fait beaucoup de contes sur elle ; ce qui est sûr, c’est qu’elle est fort incommode et qu’elle ne plaisait pas du tout à la princesse Louise.


Pendant l’été de 1792, nouvelle affaire, cette fois au sujet de Mme de Montbel, dame d’honneur de la comtesse de Provence,


9 juin 1792. — Mme de Montbel est allée hier chez Madame et lui a demandé ce qu’elle devait faire, et Madame lui a répondu : « Partir tout de suite parce qu’on sait bien tout ! » Alors Mme de Montbel lui a répondu : « Madame me traite d’une manière bien dure. » Elle se retira tout en pleurs et partit à quatre heures avec l’abbé de Montferrand.


Des discussions beaucoup plus vives devaient s’élever un peu plus tard au sujet de Mme de Gourbillon entre Madame et ses dames d’honneur. Après le départ des enfans d’Artois, il ne restait plus à Turin d’autres réfugiés de la cour de France que les deux princesses piémontaises, la comtesse d’Artois et la comtesse de Provence. Cette dernière s’empressa, une fois seule, d’abandonner le palais Birago pour se rapprocher de son père et vint s’installer au palais royal. Une raison d’économie avait présidé sans doute à cet arrangement, qui allait permettre à la princesse d’être défrayée de tout par le roi de Sardaigne, mais elle allait en revanche se voir contrainte de congédier en partie sa maison française.


6 septembre. — Le Roi nous dit que Madame venait loger au château[1]

  1. Au Palais Madame.