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L’armée qui est en avant a pour consigne de s’y retirer en cas d’échec. Ces échecs se produisent les 2, 3 et 4 décembre, au moment de l’arrivée, dans cette région, de l’armée allemande qui avait fait le blocus de Metz. Les attaques de cette armée contre les forces françaises au Nord d’Orléans sont tellement violentes que, dans leur retraite précipitée, celles-ci n’ont pas le temps de s’installer dans les ouvrages improvisés qui couvrent la ville et sont forcées de s’écouler à l’Est et à l’Ouest. Étant donné les idées qui régnaient alors, on peut aller jusqu’à dire que cette retraite, au delà des lignes de défense prévues, nous était plutôt favorable, car les troupes françaises échappaient ainsi à l’immobilisation et peut-être à l’investissement.

De ces troupes échappées d’Orléans, on fait deux armées, c’est-à-dire qu’on divise ses forces, ce qui est manifestement une faute grave ; une première partie constitue la 2e armée de la Loire qui se retire vers l’Ouest. Elle lutte en rase campagne pendant près de deux mois, tenant en échec d’importantes forces ennemies qui, malgré leurs succès, subissent des pertes considérables par suite des fatigues qu’elles endurent. Cette armée a une grande partie du pays derrière elle, ses ravitaillemens de toute nature sont assurés. Elle manœuvre en toute liberté, les échecs qu’elle subit ne compromettent jamais son existence, et quand, après la chute de Paris, on arrive à la conclusion de la paix, elle constitue, avec l’armée du Nord, les seules forces à mettre en balance avec les exigences du vainqueur.

La deuxième partie des troupes battues en avant d’Orléans constitue l’armée de l’Est. On la dirige par la vallée de la Saône sur les flancs de la zone d’invasion et on lui donne comme objectif de secourir et de débloquer la place de Belfort. En réalité, le but utile que devait poursuivre cette armée était de menacer et de compromettre les communications des armées allemandes. Or, ces communications ne passaient pas par Belfort ; la belle résistance de cette place suffisait à interdire aux Allemands l’usage du chemin de fer qui la traverse. Le point faible des communications allemandes était au Nord des Faucilles, vers Toul et Nancy. Le général Werder sentait bien que là était le danger, puisqu’il prend soin de se retirer sur Vesoul, où il était en situation de couvrir les passages des Faucilles plutôt que Belfort. Ce n’est qu’après la bataille de Villersexel