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pour légitimer la guerre au cas où eux-mêmes, un jour, nous attaqueraient. En tout cas il est sûr que les Français continuent leurs arméniens, et que tous les établissemens privés fabriquent des armes de tous genres pour le ministère de la Guerre. Pensons donc à nos intérêts, et tenons-nous prêts pour toutes les éventualités !

Réponds-moi à Londres, par l’entremise de l’Ambassade, ne serait-ce que pour me donner la certitude que mes lettres le sont bien arrivées.

A toi de cœur.

F. CRISPI.


A M. Depretis, président du Conseil des ministres.


Paris, 5 septembre 1877.

Excellence,

Avant de quitter Paris, je me sens en devoir de vous rendre compte de la suite de mes relations avec le gouvernement français.

Le duc Decazes, le lendemain de notre entrevue, est venu me rendre visite. J’étais absent, et ainsi nous n’avons pas pu nous voir. Ce même jour, le 31 août, j’étais allé à Saint-Germain-en-Laye, chez M. Thiers, qui, comme Votre Excellence a pu l’apprendre par les dépêches, est mort avant-hier.

Le ministre des Affaires étrangères, se trouvant forcé de quitter Paris, a envoyé l’un de ses secrétaires à M. Ressmann, le premier secrétaire de l’ambassade italienne, pour se dégager de la promesse à moi donnée au sujet des négociations demandées relativement à l’article 3 de notre Gode civil. Ressmann et ledit secrétaire se sont vus le 2 septembre, et se sont entretenus du sujet en question.

S. Exc. le duc Decazes m’a fait savoir que, ayant examiné avec soin ce que nous demandions, il a dû se convaincre que l’application de l’article 3 de notre Code civil aux Italiens en France ne pourrait se faire que par une réforme introduite dans la législation française, et qu’à cela serait indispensable le concours du Parlement. Pour l’heure, le ministre ne saurait s’occuper de cette réforme ; plus tard, on en pourrait parler, mais il conviendrait pour cela que l’Italie prît l’initiative des négociations par les voies officielles.