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a d’ores et déjà été autorisé, et d’une autre centaine de millions nécessaire pour couvrir des crédits supplémentaires, paraissent devoir s’élever à 143 millions. La réserve totale sera ainsi de 160 millions : elle devra servir à équilibrer les budgets de 1913 et de 1914, dans la mesure où le développement des ressources normales n’y suffirait pas. Si, dans trois ans, le compte provisionnel présente un solde créditeur, il sera porté en atténuation du découvert de trésorerie qui existe depuis 1900 du chef des avances faites aux Compagnies de chemins de fer, au titre de garantie d’intérêt, et dont le total s’élève à 103 millions.

Tel est le plan qui permet à son auteur d’affirmer qu’il a établi son budget sans impôt ni emprunt. Nous ferons cependant remarquer que les 15 millions de droits établis sur le gaz et l’électricité ne sauraient être appelés d’un autre nom que celui d’un impôt ; mais nous reconnaissons que, si la taxe est critiquable en elle-même, elle ne représente pas une somme importante, et nous ne contesterons pas au ministre l’exactitude de la qualification qu’il donne à son projet. Il l’a établi en partant de l’idée très juste que le contribuable français est surchargé, qu’à la politique de dégrèvemens qui avait pu être pratiquée pendant quelque temps au siècle dernier, a succédé une ère de fiscalité oppressive, qu’une série de taxes nouvelles ont été instituées et les tarifs de beaucoup d’anciens impôts augmentés, qu’il est indispensable de s’arrêter dans cette voie si on ne veut pas compromettre le développement du travail et de la richesse : le fait que certains relèvemens excessifs de droits n’ont pas donné les résultats attendus est à lui seul une démonstration de l’opportunité de ce programme.

Mais si nous acceptons ce dernier comme le moindre mal, dont parlait l’autre jour M. Paul Leroy-Beaulieu[1], nous pensons qu’il convient plus que jamais de discuter les dépenses auxquelles il a pour mission de pourvoir, et de rechercher à la fois les causes d’une progression chaque jour plus inquiétante et les remèdes qui pourraient y être apportés. L’une des raisons, nous devrions dire l’une des excuses, qui sont le plus souvent présentées au Parlement lorsqu’on lui met sous les yeux les milliards du train de maison que mène la France, c’est que les aggravations régulières résultent de lois antérieurement

  1. Voyez l’Économiste français du 23 septembre 1911.