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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/441

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éléments français et britanniques, nettoyèrent en quelques semaines toute la contrée comprise entre l’Oussouri, le Soungari et la rive droite de l’Amour, où les Tchéco-Slovaques étaient dangereusement menacés. — Dans la première moitié d’octobre, les Japonais, maîtres de ces immenses espaces et appuyés sur l’Amour comme sur la ligne du Transsibérien, parvenaient au lac Baïkal et s’emparaient d’Irkoutsk où ils établissaient leur quartier d’hiver. — A l’extrême Ouest et au Sud jusqu’au Volga, les Tchéco-Slovaques, qui d’abord avaient occupé des positions importantes telles que Pensa et Samara, étaient pour un temps débordés par les gardes-rouges que Trotsky avait recrutés parmi les anciens soldats de l’armée régulière que tentait l’attrait des hautes soldes et du ravitaillement abondant.

Sur les confins entre l’Europe et l’Asie, l’action de nos Alliés d’Extrême-Orient avait accompli sa tâche et barré la route aux Austro-Allemands que leurs revers ininterrompus et Croissants sur le front d’Occident, dans les Balkans et dans l’Empire musulman, du Bosphore au golfe Persique, allaient réduire à la capitulation.

Dans cette dernière phase de la guerre, comme dans la première période de 1914, l’effort japonais, secondé par le concours chinois, a prouvé sa résolution et son efficacité. Le cabinet Hara a continué, à cet égard, la tradition de ses prédécesseurs avec cette nuance peut-être que le cours des événements donnait à l’action japonaise une portée plus directe et plus coordonnée avec l’action générale des Alliés. Le Japon et la Chine sentaient en même temps le contre-coup des prodigieux progrès que faisait en Occident l’offensive franco-anglaise et italienne. Le vaste et infini théâtre de la guerre obéissait à la même impulsion, à la même volonté de vaincre, à la même certitude du triomphe final.

L’avènement en Chine du nouveau Président de la République se traduisit par un changement manifeste dans la coopération aux efforts unanimes des Alliés et aussi dans les décisions plus strictes, plus rigoureuses envers les ennemis. Le président Siu-che-tch’ang prenait à l’égard des sujets austro-allemands restés en Chine, de leurs établissements, de leurs entreprises et de leurs tentatives persistantes d’obstruction ou de propagande, des mesures que la longanimité des présidents