Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/464

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’en France le terrain le plus favorable à leur développement utilitaire.

Dès la première séance de la Conférence, le docteur Roux a montré éloquemment ce qu’on peut et doit attendre de cette croisade nouvelle dirigée par la science contre la maladie. Il a expliqué comment — tout en laissant aux organisations de chaque pays leur autonomie —, l’activité des Croix-Rouges, après avoir contribué à diminuer dans d’énormes proportions les misères de la guerre doit maintenant continuer son œuvre contre les fléaux morbides qui sont les misères de tous les temps. Dans cette terrible guerre elle-même, grâce aux progrès de l’hygiène, on n’a pour la première fois pas vu de grandes épidémies, pour la première fois la maladie a tué moins d’hommes que les projectiles. Ces progrès, la paix doit les mobiliser pour elle. C’est contre les maladies que la « bienfaisance guidée par la science, » suivant la belle expression du docteur Roux, doit maintenant diriger ses efforts, et « les nobles ambitions qui ont provoqué l’initiative de M. Davison sont trop grandes et trop hautes pour rester vaines. »

Au cours de la même séance où les délégations de divers pays ont apporté leur adhésion, le professeur Marchiafava, au nom de la délégation italienne, a fait remarquer que son pays était entré dans cette voie, puisque depuis vingt ans déjà, la Croix-Rouge italienne, en dehors de sa préparation aux œuvres de guerre, se consacre au soulagement des misères de la paix et notamment à la lutte contre la malaria. C’est un exemple que la Conférence se propose précisément de suivre et de développer, en faisant, suivant l’expression du professeur Welsh, profiter l’avenir des progrès du passé par la fondation de la ligue de la santé humaine, dont le but est plus élevé encore que celui de la ligue des Nations. Puis Sir Newsholme, chef de la délégation anglaise, a montré par des chiffres impressionnants que les « horreurs de la paix » ne sont pas moins terribles que celles de la guerre. Rien qu’en Angleterre, entre 1914 et 1918, pour deux hommes tués par la guerre, il en est mort cinq autres par d’autres causes, pour la plupart évitables. Les morts de la guerre étaient, il est vrai, presque tous jeunes ; mais parmi les deux millions de morts de l’Angleterre dans les cinq années, plus de 20 pour 100 étaient jeunes aussi, puisque c’étaient des enfants au-dessous de cinq ans. La mortalité infantile, a-t-il ajouté, doit être supprimée de la vie des peuples. Point n’est besoin pour cela de nouveaux progrès scientifiques ; il suffit de répandre et d’appliquer ceux