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grands entassements et les grands déplacements humains de la guerre, n’aurait pas moins éclaté sans celle-ci. Il croit que les ressources actuelles de l’hygiène sont entièrement désarmées contre l’influenza, — aveu à retenir dans une bouche aussi magistralement qualifiée. Il importe donc que le Bureau d’hygiène mondiale puisse stimuler les recherches scientifiques qui conduiront à une connaissance plus complète de ces maladies et de leur prophylaxie.

Sir Arthur Nadholme considère au contraire d’autres maladies comme la tuberculose, la syphilis, la malaria comme parfaitement étudiées. Sur elles nos connaissances scientifiques sont complètes, nos moyens d’action parfaits. Si les méthodes prophylactiques reconnues tout à fait efficaces contre ces maladies étaient appliquées partout et toujours, il est certain qu’elles disparaîtraient bientôt de la terre. Ici le but du Bureau d’hygiène sera tout autre que dans le premier cas et il devra être surtout éducatif, afin de répandre, généraliser et imposer les moyens de défense aujourd’hui connus.

Le colonel Cummins de la délégation britannique a d’ailleurs fait remarquer qu’il existe déjà un office international d’hygiène publique, ouvert en 1908 à Paris, et dont le fonctionnement est assuré par les grandes puissances. Ce bureau a pour objet de renseigner les gouvernements sur les faits et documents d’un caractère général concernant les maladies infectieuses. Si cet organisme n’a pas donné jusqu’ici de grands résultats, c’est qu’il n’est destiné qu’aux gouvernements. Il ignore le public. Il est comme un état-major sans armée. Il s’agit maintenant, au contraire, de lui donner une armée, de faire un organisme qui renseigne, éduque, aide le public, les populations elles-mêmes. Ce sera la meilleure manière d’agir efficacement sur les gouvernements eux-mêmes. C’est l’opinion publique qui est le meilleur éperon pour eux, et il s’agit de la stimuler par l’éducation et surtout par des démonstrations pratiques.

À l’appui de cette manière de voir le docteur Wycliffe Rose, directeur du Bureau de santé publique de la fondation Rockefeller, a apporté à la conférence de Cannes un témoignage et un exemple concluants et qui ont vivement frappé les délégués.

Il y a quatre ans, l’État américain d’Arkansas demanda au Bureau que dirige le docteur Rose de lui venir en aide pour lutter contre la malaria qui décimait ce pays. Après une enquête locale sur l’étendue du mal, la fondation choisit un petit village où des hygiénistes envoyés par elle firent une démonstration pratique de ce que peut donner la