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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/584

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national ; elle a une place à prendre et un rôle à jouer parmi les nations moins avancées en civilisation. L’Occident, et particulièrement la France, sont disposés à l’y aider avec une sympathie que rien ne viendra plus troubler.


V

Dans l’ancienne Autriche-Hongrie, deux peuples gouvernaient et dominaient toutes les autres nationalités ; dans l’Europe nouvelle, chaque nationalité constituée, détachée de l’ancien Empire des Habsbourg, aura le droit et les moyens de vivre indépendante et libre. Le problème consiste à organiser le droit à la vie qui n’est refusé à aucune d’elles. Si les premiers mois qui suivirent l’écroulement des Habsbourg, lien vivant de tous ces peuples d’origine et de langage divers, devaient fatalement être employés à la difficile liquidation de l’actif et du passif de l’ancienne communauté, les années qui suivront l’établissement définitif de la paix et des frontières amèneront la reprise de relations fondées sur l’intérêt et sur des affinités diverses. Les lois géographiques et les nécessités économiques reprendront alors leurs droits.

Toutes les nations issues des fragments de l’ancien Empire dualiste sont riveraines du Danube, à l’exception des Polonais qui appartiennent à une autre région. Le puissant fleuve est, pour toutes, l’artère vivifiante, la grande voie commerciale. Par les travaux d’amélioration qui ont régularisé son cours, par les canaux qui l’ont réuni au Rhin, l’importance économique du Danube s’est beaucoup accrue. Entre les riverains d’un tel fleuve, il existe un lien, une communauté d’intérêts qui doit nécessairement se traduire par une convention de commerce et de navigation. Les Allemands, par le traité de Bucarest de 1918, avaient tout combiné pour se servir du Danube comme d’un puissant instrument de germanisation ; il devait être l’artère commerciale du Mittel-Europa[1]. Les Alliés, au contraire, doivent en faire un instrument de libération ; il deviendra un fleuve international dont la navigation libre sera réglementée par une convention spéciale.

La Bavière est, elle aussi, un État partiellement

  1. Voyez le fameux livre de Frédéric Naumann : L’Europe centrale. Traduction française ; Payot, 1918, in-8o.