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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/835

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un professeur de rhétorique au collège de Lisieux : Hic juvenis, Numinal quantus erit ![1].


IV. — BOSSUET ÉTUDIANT « RÉPANDU »

À ces petits faits, significatifs, ajoutons ce que nous a depuis longtemps appris l’abbé Le Dieu, et ce que les recherches modernes ont confirmé, sur les rapports sociaux et les succès mondains de Bossuet.

Au Collège de Navarre, les fils des grandes familles politiques, militaires, financières, diplomatiques, abondaient autant qu’aux Jésuites. Bossuet y est rejoint par Rancé. Là aussi, il connut Nicolas Colbert et il eut, comme petit cadet, Charles-Maurice Le Tellier ; avec tous deux il se lia. Mais c’est surtout, ce semble, grâce à sa famille qu’il pénétra immédiatement, et par plusieurs avenues, dans la haute société du temps.

De cette famille des Bossuet et des Mochet, établie depuis le XVIe siècle et avec honneur dans les grandes places de la magistrature et du barreau, tous les membres, tant en Bourgogne qu’à Paris, ont de belles « relations. » L’émigration en Lorraine d’un grand-oncle de Bossuet, de qui nous aurons à parler plus loin, — celle d’un oncle à la mode de Bretagne à Cahors, — les ont étendues. Son père, le conseiller Bénigne, soit à Dijon, soit à Paris, soit à Metz, prolonge et diversifie ces fréquentations profitables. Même, à les rechercher, il pèche par excès, s’il en faut croire une note de police : il « fait trop de visites » et « court » les gens en place. Cette diffusion et cet entregent de ses ascendants valent à Jacques-Bénigne l’amitié des Condé, celle des Du Pas de Feuquières[2], amis et alliés des Arnauld ; c’est par l’un de ces derniers, dit-on, qu’il est introduit au sanctuaire des « Précieux, » à la « Chambre bleue. » À Paris, il a retrouvé l’oncle de Cahors parvenu, enrichi : François

  1. Le docteur Guillaume Marcel.— Floquet, Études, t. I, p. 13 et suiv. avait bien raconté ces épisodes, mais ils deviennent plus nets par les textes qu’a publiés la Revue Bossuet, I, p. 223 et suiv. : protestation faite par-devant notaires par Bossuet contre les exigences du prieur de Sorbonne et procès-verbal de la soutenance troublée.
  2. Probablement Henri sieur d’Harbonnière, conseiller d’honneur au Parlement de Metz, l’un des onze enfants du célèbre homme de guerre et diplomate protestant, Manassé du Pas-Feuquières, lieutenant général au pays messin en 1631, gouverneur de Verdun en 1636, gendre d’Isaac Arnauld de Corbeville. Les six fils de Manassé furent catholiques, deux d’entre eux furent d’Église.