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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/853

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LES TROUPES NOIRES
PENDANT LA GUERRE

Ce qui fut la Grande Guerre est déjà le passé. Comme après la bataille, on fait l’appel des survivants pour de nouveaux combats, chaque peuple sorti de la tourmente commence à dresser son bilan. Le nôtre est lourd. En face d’un passif comme notre France n’en a jamais enregistré, elle n’a guère encore à inscrire que ce mot : la Victoire. Mais il brille d’un éclat si vif, il enclôt des réalités latentes si splendides, que nous avons le droit de graver au seuil de notre porte le « Salve » des ancêtres romains, sous les pas de la déesse qui réintègre notre demeure.

Droit qui implique tout naturellement, en contre-partie, des devoirs spéciaux pour nous, les éternels gardiens de la paix latine sur le Rhin : Si vis pacem… Quels furent les facteurs du triomphe ? Quelle est leur valeur relative dans l’ensemble de notre force ? Questions urgentes à délimiter, à situer à leur exacte place dans l’ensemble de nos possibilités de demain. Or, parmi les composantes inattendues du succès, s’est révélée, non point encore décisive, mais déjà beaucoup mieux qu’utile et parlant en rang fort honorable, l’aide militaire apportée par nos Colonies : quelque 600 000 soldats ou ouvriers. Ce fut une découverte. Le dogme de la guerre courte, qui fit, pour sa bonne part, si longue la grande Guerre ; aussi, confessons-le, notre proverbiale ignorance d’arpents de « neige » ou torrides, devenus aujourd’hui de vastes empires, auraient, v voici seulement cinq ans, fait qualifier de « divagations » l’idée même de