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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/9

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MARCELINE

OU

LA PUNITION FANTASTIQUE

VOUS comprendriez l’histoire que je vais vous raconter, si vous eussiez vu quel regard de colère et de mépris me lança ma femme, à travers son face à main, quand, m’adressant à M. Barlotti, je lui demandai le prix auquel il consentirait à me céder son théâtre de marionnettes avec les accessoires, les décors et les personnages qui en faisaient le plus délicieux, mais le plus saugrenu des bibelots. Depuis trois jours, le désir de posséder ce théâtre de « barattini » me poursuivait sans relâche et je ne cessais de penser au plaisir que j’éprouverais à rapporter en France ce baroque et charmant souvenir d’un voyage dont toutes les heures, cependant, n’avaient pas été heureuses, du fait, je dois bien le dire, de ma femme Marceline. Sa maussaderie et sa mauvaise humeur n’avaient manqué, en effet, de se manifestera chaque occasion et à tout propos, et devant ces récriminations continuelles de mon irascible compagne, j’étais bien forcé de reconnaître que j’avais eu tort do tenter un essai qui avait tourné à l’encontre de mes espérances. Le mieux était donc, vu l’échec de cette expérience, de rentrer chez nous au plus vite. Sur ce point, ma résolution était prise, mais, sur un autre aussi, elle ne l'était pas moins et j'étais bien décidé à ne pas repasser la frontière sans emmener avec moi les séduisants petits bonhommes de bois et de carton pour lesquels Marceline montrait si peu de sympathie et envers qui la mienne s'était déclarée dés que j'avais fait leur connaissance par l'entremise de l'excellent M Bartolli. De plus, j'avais comme un obscur pres-