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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/935

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grillage sera chargé d’électricité négative ou positive, il repoussera ou favorisera le bombardement des électrons qui vont du filament à la plaque dans la lampe allumée.

Il en sera ainsi, puisque, ainsi que les psychologues, mais aussi les physiciens l’ont remarqué, les électricités de même nom se repoussent et de nom contraire s’attirent.

Ces électrons, ces projectiles minuscules vont très vite ; ils ont une vitesse d’au moins 10 000 kilomètres par seconde (cela fait du 36 millions de kilomètres à l’heure, cela représente la distance du soleil à la terre parcourue en quatre heures ! ). En supposant la distance du filament à la plaque égale à 1 centimètre, il faut donc à ces électrons moins d’un milliardième de seconde pour franchir cette distance.

Or, les ondes entretenues employées en T.S.F. ont une fréquence généralement inférieure à 1 million par seconde. Cela veut dire que le petit grillage de l’audion est alternativement chargé d’électricité positive et négative moins de un million de fois par seconde. Par conséquent, le courant qui passe grâce aux électrons dans le circuit filament-pile-plaque peut suivre facilement toutes les fluctuations du courant de T.S.F. du petit grillage intermédiaire. En branchant sur ce circuit une source d’énergie électrique et un téléphone, il permet d’amplifier autant qu’on veut, tout en les suivant fidèlement, les fluctuations électriques de l’antenne.

Autrement dit, l’audion est une sorte de relai amplificateur permettant de multiplier autant qu’on veut l’énergie à la réception des signaux hertziens ; les relais connus auparavant, tel que le relai des appareils télégraphiques ordinaires, n’auraient rien pu faire de pareil à cause de leur inertie, de leur lenteur qui les condamnait à l’immobilité en présence des alternances extrêmement rapides des ondes hertziennes. Car avant que ces relais-là aient eu le temps de bouger, les ondes auraient eu le temps de changer maintes fois de sens.

Je m’excuse de ce que cet exposé du fonctionnement de l’audion comme relai peut avoir à la fois de simpliste pour les techniciens, — ce n’est pas pour eux que j’écris, — et d’un peu ésotérique pour nos autres lecteurs. Ceux qui ont des notions élémentaires d’électricité me comprendront, je crois.

En résumé, en permettant d’amplifier à la réception les ondes reçues, l’audion a multiplié les portées antérieures de la T.S.F. et à portées égales il ne nécessite plus que des antennes beaucoup plus