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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/119

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M. Stolypine, dont j’appréciais tous les jours davantage les sentiments élevés et l’absolu dévouement à la cause qu’il servait.


LES ATTENTATS TERRORISTES

Pendant toute la durée de la première Douma, le parti socialiste révolutionnaire avait suspendu la série des attentats terroristes contre les hauts fonctionnaires de l’Empire et contre les agents de police, qu’il avait organisés sans répit depuis le commencement du mouvement révolutionnaire. Il avait fait paraître, au commencement de l’été, dans les journaux étrangers, une déclaration d’après laquelle, « en présence du fonctionnement de la Douma et en attendant que la situation politique devint claire pour le peuple, il interrompait sa tactique terroriste, sans toutefois cesser ses préparatifs de combat ; le Comité Central du parti jugerait à quel moment la tactique révolutionnaire devrait recommencer. » Ce fut la dissolution de la Douma qui donna le signal de la reprise de cette tactique : le parti socialiste-révolutionnaire décida de débuter par un coup particulièrement retentissant.

Donc, le samedi 25 août, vers trois heures de l’après-midi, Une explosion formidable détruisit en partie la villa occupée aux îles par M. Stolypine ; le premier ministre ne fut pas atteint, mais il y eut une trentaine de morts et autant de blessés, dont plusieurs grièvement : parmi ces derniers se trouvaient deux des enfants de M. Stolypine.

Au moment de l’attentat, je me trouvais en ville, au ministère des Affaires étrangères, où je recevais la visite de M. Hitroff, maître de la Cour du grand-duc Wladimir, venu de la part du grand-duc me consulter sur je ne sais plus quelle question de protocole. La conversation terminée, connaissant le goût artistique de mon visiteur, je l’avais retenu environ une demi-heure pour le consulter sur quelques travaux de décoration intérieure qu’on faisait au palais du Ministère. En me quittant, M. Hitroff devait se rendre à la résidence du premier ministre pour lequel il était également chargé d’une commission par le grand-duc : c’est à cette circonstance fortuite que cet aimable homme, mort peu de temps avant la guerre à Paris où il comptait beaucoup d’amis, dut d’échapper à l’explosion