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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/301

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(Laybach), contre les grandes injustices qu’on a déjà commises envers nous Slovènes, et que les partis pangermanistes nous réservent encore. Je proteste énergiquement contre les violences par lesquelles les Magyars oppriment les peuples qui se trouvent sous leur administration. » Un bruit courait, mais bientôt expirait, d’après lequel le gouvernement de Vienne allait obtenir du Saint-Siège, contre Mgr Jeglic, un procès disciplinaire : les désirs de l’Autriche agonisante, d’exploiter la force spirituelle contre la liberté des peuples, n’aboutissaient qu’à une déception.

Il lui restait du moins des magistrats, des policiers, instruments attardés de sa croulante dictature : elle les lançait à la chasse des prêtres slovènes, et se donnait une dernière fois, aux dépens des prêtres, l’illusion d’être maîtresse en terre de Slovénie. Sous les inculpations les plus fantaisistes, elle les arrachait à leurs presbytères pour les jeter en prison, où elle était moins soucieuse de les faire juger que de les faire souffrir. Confesseurs volontaires de la foi slovène, certains d’entre eux connurent les pires rigueurs. Mgr Korosec, qui en plein parlement déroula ce martyrologe, put parler d’u excès monstrueux, qui rappelaient de loin ceux des bandes chinoises lors de la révolte des Boxers. »

Mais ces brutalités suprêmes d’une Puissance que le désastre guettait n’intimidaient même point les femmes : il s’en trouvait deux cent mille, à la voix du clergé, pour aligner leurs signatures, en sept gros volumes, en faveur des revendications du club yougo-slave. Solennellement, à l’Hôtel de Ville de Ljubijana, Mgr Korosec prenait acte de leur manifestation : « Nous ne céderons pas, criait-il, tant que nous ne serons pas arrivés à notre but. »

« C’est aujourd’hui le dimanche des Rameaux, reprenait Mgr Kalan, c’est l’anniversaire du jour où dans les rues de Jérusalem on chantait l’Hosannah en l’honneur du Sauveur en jetant des fleurs sur son passage. Après cette marche triomphale vint cependant le Vendredi-Saint. Il se peut qu’il en soit de même, pour nous et pour notre grande idée. Mais, dans cette pensée amère, il faut que nous soyons soutenus par la foi qu’après le Vendredi-Saint arrivera irrévocablement le jour de la Résurrection. » Un vicaire de Carinthie, l’abbé Smodej, comme tait en termes émouvants la redoutable longueur de ce Vendredi-Saint qui était encore imposé à la Carinthie :