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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/443

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d’être bombardé par du gros calibre. Une pièce lançant des obus à cette distance et tirant, croyait-on, de Slype ou de Westende, cela parut extraordinaire pour l’époque. Nous devions en voir de plus extraordinaires deux ans plus tard, quand la « grosse Bertha » de Crépy-en-Laonnois prit Paris sous son feu. Le pis est que la Sardinerie, où s’était postée la pièce anglaise de 9 pouces, s’embrasait le même jour. On sauvait à grand’peine la pièce et les munitions sous une pluie d’obus incendiaires. En même temps que les deux bataillons (3e, commandant Bruneaux, et 4e, commandant Bonnery) du 4e zouaves, qui avaient été poussés sur Zuydschoote, trois groupes d’artillerie du 32e étaient « partis en vitesse, » appauvrissant d’autant le secteur. Il fallait parer d’urgence à ces vides avec les troupes que nous avions sous la main et auxquelles on dut imposer un supplément de corvée. Le service de la brigade fut donc changé : en attendant la reconstitution du 1er bataillon, qui était en voie d’achèvement, on demanda aux hommes de faire « trois jours de tranchée au lieu de deux, une seule compagnie se tenant dans les caves de Nieuport, tandis que les autres étaient en première ligne » (Poisson).

Le 5 mai enfin, le ler bataillon du ler régiment fut rétabli. La brigade, pour la première fois depuis décembre, se trouvait au complet. Et, ce jour-là justement, l’amiral reçut l’ordre de s’entendre avec la 4e D. A. belge, qui préparait une attaque sur les fermes Violette et Terstyle, et d’assurer « sa liaison avec elle en progressant de Saint-Georges vers l’Yser. » Après en avoir conféré avec le général Michel, commandant la division belge, et réglé les conditions du mouvement avec les « colonels » Delage et Paillet, chargés alternativement du commandement des deux secteurs de Nieuport, l’amiral décida donc de « commencer immédiatement sa progression vers l’Est, » progression qui, dans l’état du terrain, ne pouvait s’exécuter que par les digues Nord et Sud de l’Yser inférieur, la route de Bruges et la route légèrement en remblai de Saint-Georges à la ferme de l’Union.

« Le terrain au Nord et au Sud de l’Yser inférieur est inondé et inaccessible jusqu’à la route du pont de l’Union (route de Bruges), dit l’exposé officiel. Entre cette route et la route de la ferme de l’Union, les prairies sont sillonnées de canaux larges et profonds, orientés perpendiculairement aux