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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/528

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péniblement dans la limite où elle leur laisse quelque liberté. Pour la Haute-Silésie d’abord, on rend les armes à l’objection allemande et on lui donne, ainsi, une grande force : car voilà la Silésie consacrée « Etat allemand » depuis près de mille ans ! Pour le bassin de la Sarre, on plaide les circonstances atténuantes : « Le régime proposé pour le territoire du bassin de la Sarre doit durer quinze ans. (Que sont quinze ans en présence de droits séculaires ?) Cet arrangement a été jugé nécessaire à la fois comme partie du projet général de réparations et comme compensation immédiate et certaine reconnue à la France pour la destruction systématique de ses mines de charbon du Nord. Le territoire est transféré, non pas sous la souveraineté de la France, mais sous le contrôle de la Société des Nations. Une telle solution a l’avantage de n’impliquer aucune annexion, tout en reconnaissant à la France la propriété des mines, etc. ; » — Voilà ce qui a été remis aux plénipotentiaires allemands sous la signature du président du Conseil français I

Mais, dira-t-on, cette polémique est périmée : les Allemands ont signé sans nouvelles observations. Assurément ; cependant, les termes juridiques avancés au débat et les concessions de principe et de fait subsistent. D’ailleurs le cabinet Bauer, le cabinet de la signature, ne s’en est nullement désintéressé. Il en a pris acte, au contraire. Dans sa communication aux Puissances alliées, datée du 21 juin, il revient avec insistance sur ce qui a été obtenu.

Il nourrit, en quelque sorte, la thèse reconnue de l’unité allemande bismarckienne, comme un serpent au cœur de l’Allemagne et qui s’y réchauffera un jour : « Devant l’attitude des gouvernements alliés et associés, il ne reste au PEUPLE ALLEMAND d’autre possibilité que de faire appel au droit éternellement immuable à une vie indépendante, droit qui appartient au peuple allemand comme à tous les autres peuples. Il ne peut espérer d’appui que de la conscience de l’humanité. Aucun peuple, même parmi ceux des Puissances alliées et associées, n’exigera du peuple allemand qu’il accepte, par l’effet d’une conviction intime, un instrument de paix qui doit arracher des membres vivants au corps du peuple allemand sans que la population intéressée soit consultée... Le gouvernement de la République allemande déclare solennellement que son attitude