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si violent sur cette tranchée, les torpilles si bien ajustées, qu’il n’y restait plus que quelques bouts de parapets. En outre, sur cette partie du front, l’ennemi n’était pas obligé, comme au Boterdyck et à Nieuwendamme, de se présenter à découvert. Entre Lombaertzyde et nous, le long de la route, des pans de maisons, des murs et des haies de jardins favorisaient sa progression clandestine. S’avançant à l’abri de ces obstacles, il put tomber sur les tranchées des zouaves et « s’en emparer jusqu’à un point que nous ne pouvions préciser, là-bas, du côté de la mer. » Rassuré sur la suite du combat en ce qui le concernait, Mérouze, ainsi gravement menacé sur son flanc, ordonne à sa première section (enseigne Souêtre) de faire tête aux assaillants. Mais déjà, sans attendre, Souêtre avait mis en action une mitrailleuse abandonnée par les zouaves « pour tâcher de barrer la route de Nieuport aux Allemands qui commençaient à y descendre en colonnes par quatre. » L’infiltration prit d’autres chemins. L’ennemi semblait avoir emporté toute la ligne de la Geleide jusqu’au Mamelon-Vert, où « un terrible corps à corps » s’était engagé entre les zouaves et lui, et nous l’avions maintenant pour « voisin immédiat » de l’autre côté de la route.

« La frontière, explique l’officier dont nous continuons à suivre le récit, était un vague pare-éclats, juste au coin de cette route. Et les maudits Boches continuaient de s’infiltrer par les boyaux et les ruines des maisons. Nous n’avions pas encore à cette époque de tranchées de soutien et, de notre première ligne à Nieuport, sauf vers l’ouvrage des Flamands, s’étendait une plaine uniforme, sans un fossé, sans un boyau. »

Par bonheur, le secteur des zouaves était un peu mieux pourvu : quelques jours auparavant, une ébauche de tranchée de soutien y avait été ouverte « depuis la route de Lombaertzyde jusqu’à une centaine de mètres à gauche. » La compagnie du 4e zouaves qui nous touchait s’était repliée là, décimée, et, « courageusement, » s’efforçait de « contenir le Boche. » Le capitaine Mérouze fit tant bien que mal assurer la liaison entre cette compagnie et la sienne, le long de la route, par l’enseigne Souêtre et quelques hommes déterminés. Cela suffit pour endiguer momentanément le flot, mais non pour empêcher l’ennemi de s’installer dans les tranchées conquises et de les retourner contre nous. S’il recevait des renforts et reprenait son élan, tout le front du 2e régiment était tourné.