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AUTOUR
DE LA
CORRESPONDANCE DE BOSSUET

II[1]
B0SSUET CHANOINE RÉSIDANT À METZ


I. — BOSSUET DIPLOMATE DE GUERRE

« Bossuet, — écrivait naguère un Messin[2], — appartient à Metz par les premiers efforts et les premiers effets de son zèle, par sa préparation et ses débuts heureux d’orateur et d’apôtre. » Mais ce ne fut pas dans la chaire, on le sait, que sa supériorité s’y produisit d’abord ; ce fut dans la moins ecclésiastique des besognes.

Il arrivait à Metz à l’un des moments les plus troubles de l’histoire de France. Non pas seulement parce qu’il y avait encore la guerre étrangère… À elle nos ancêtres étaient faits. C’était l’état chronique. Et, pour le dire en passant, quelle leçon de notre passé, et trop peu admirée sans doute, que la continuité de cet état violent n’empêchât point l’accomplissement normal des autres fonctions de la vie du royaume, — que, notamment, la pensée et l’art suivissent chez nous leur cours comme si de rien n’était ! — L’épanouissement du génie français, que l’on croirait volontiers la fleur sereine de la sécurité et de la prospérité matérielle, fut presque perpétuellement accompagné du bruit des batailles, du tumulte des recrutements, des mouvements

  1. Voyez la Revue du 15 juin.
  2. Le chanoine Finot, Mémoires de l’Académie de Metz, année 1907-1908, p. 365.