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intelligence, de sa vigueur et de sa sveltesse. Thérèse jouit pleinement de tout cet ensemble de sensations et d’affections. Je vous assure que si on ne nous le rappelait pas, nous oublierions qu’il y a des républicains, des impérialistes et des légitimistes et que demain peut-être nous aurons un roi, je n’ajoute pas une guerre civile, car je n’y crois pas.


Emile Ollivier rentra à Paris en février 1874. Son Éloge de Lamartine, accepté par l’Académie, allait être lu par lui le 5 mars en séance publique, lorsque, pour avoir refusé de retirer un éloge de Napoléon III, il s’en vit interdire la lecture. Un rédacteur du Gaulois lui ayant écrit qu’à raison de la décision prise par l’Académie il renonçait à publier un article désobligeant pour l’ancien ministre, Emile Ollivier lui répondit :


A Monsieur ***, rédacteur du Gaulois.


Passy, mercredi 4 mars 1874.

Monsieur,

Je vous remercie de votre procédé et je comprends la répugnance que vous éprouvez à discuter ma personne et mes principes, au moment où une décision arbitraire m’enlève la parole parce que je n’ai pas consenti à la prendre sans rendre un affectueux hommage au souverain que j’ai loyalement servi et qui m’a honoré de son affection jusqu’au dernier moment de sa vie ; mais je vous prie de dominer ce scrupule, et de publier l’article que vous avez préparé, puisque vous trouvez que l’occupation principale des vaincus doit être de se déchirer entre eux. Seulement, vous me permettrez de n’y point répondre. Plus tard, quand cela deviendra utile, je m’expliquerai sur toutes choses avec mon pays. En ce moment, je crois encore devoir me taire et attendre.

Croyez à mes meilleurs sentiments.


EMILE OLLIVIER.