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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/661

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L’étreinte de l’Eglise est immense. Elle enserre toutes les créatures visibles et invisibles ; elle embrasse les Anges ; elle s’annexe même les créatures rebelles et dévoyées, même les Infidèles et les réprouvés. Elle « enferme tout, « « profite de tout. »

« Quelle sorte de monstre ! » dites-vous ; « quel horrible mélange, » cette église indistincte en son universalité si fort ouverte ! Ne dites point cela. De ce mélange l’Eglise se purifie, « se démêle peu à peu. » Elle « se démêle » collectivement, dans le siècle, par les schismes et les hérésies : la paille s’en va, le bon grain reste. Elle « se démêle » dans les individus, lorsque la séparation du bien et du mal, de la lumière et des ténèbres se fait dans leur cœur, en attendant que la mort et « le jugement » la confirment. Et c’est la vie de l’Eglise que ce travail de discernement sur elle-même.

Mais que penser, maintenant, des épreuves, extérieures, intérieures, de l’Eglise : les persécutions qui la gênent, « le déluge des mauvaises mœurs qui l’inondent et l’erreur, » qui quelquefois « menace, » — remarquez le mot, — « de la couvrir toute ? » Que rien de tout cela ne vous trouble ! « Sa sainteté demeure entière » et sa santé, et sa force, parce que Jésus-Christ est fort et fidèle, et qu’il est dans son Eglise, faisant tout pour elle, parce que l’Eglise est en lui, faisant tout, souffrant tout, avec lui ; et Dieu a bien fait toutes choses.

Seulement, tout cela « c’est par la foi qu’il faut le comprendre… Le Seigneur nous a mis la clef à la main : « Entrez, voyez ! » Bossuet, lui, est entré, est resté, et il voit. D’où le ton de cette lettre : à chaque pas le contentement de sa raison récompensée s’échappe en lyrisme : « Alléluia ! louange à Dieu pour l’Eglise ! Amen, ainsi soit-il pour elle, et le même Amen pour toutes les âmes que Dieu fait participer à cette conduite !.., » « En confiance, que tout notre cœur, toutes nos entrailles, toute la moelle de nos os crient après Jésus-Christ : Venez ! Je le crie, et je le crierai sans fin ; mais il faut conclure… »

Et il conclut par ce verset du livre des Nombres : « Que tes tabernacles sont beaux, ô Jacob ! que tes tentes sont admirables, ô Israël !… » Ce verset, vingt-deux ans plus tard, deviendra, on le sait, le texte du sermon de l’Unité de l’Église. Inversement, les définitions de l’autorité pontificale, qu’en 1682, dans un moment de conflit critique entre le Saint Siège et la France,