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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/663

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un à Dijon. Il allait et venait de Metz à Toul, où il avait, dans l’une et l’autre ville, tant de famille : son père Bénigne, son oncle Bretagne, l’un conseiller, l’autre premier président au Parlement ; son frère Claude, chanoine ; sa sœur Marguerite, religieuse ; son cousin, Jacques Bretagne, doyen du Chapitre. Quand son père Bénigne fut délégué près de l’intendant Colbert au Conseil souverain d’Alsace, il y a chance pour que Jacques Bénigne l’ait visité à Ensisheim. Archidiacre de Sarrebourg pendant environ dix-huit mois, il ne prit, il est vrai, possession que par procureur, mais il est possible qu’ensuite, malgré la difficulté des transports dans ce pays de montagnes et de forêts, malgré celle aussi des rapports spirituels avec une population « ont une grande partie ne parlait qu’un patois alsacien, Bossuet y soit allé en inspection. Il est donc assez probable qu’il parcourut en divers sens le territoire des Trois Evêchés, traversa peut-être, le duché de Lorraine, poussa des pointes dans la Lorraine française et en Alsace. Or ces voyages étaient lents. S’il est allé à Sarrebourg par les routes d’étapes, il a passé soit par Courcelles-Chaussy, Longueville, Saint-Avold, Albestroff, Fenestrange, — soit par Juville, Marsal, Moyenvic, Bourdonnais, Héming. Quand il se rendait à Toul, il suivait l’une ou l’autre des rives de la Moselle. — Mais de ce qu’il put apercevoir, durant tous ces déplacements, des gens et des choses, il n’y a nulle trace en ses lettres, ni en ses sermons. On sait seulement par ailleurs, qu’à Toul, il causait de la Grâce et du Cartésianisme avec dom Robert Desgabets.

Aussi bien, même à Metz, aucune des curiosités, que la ville lui présentait quotidiennement, ne paraît lui avoir laissé de souvenir. Lui qui, en sa qualité de membre du Conseil des Trois Ordres, avait l’occasion de s’occuper des travaux publics municipaux, il ne dit pas un mot de ces belles rivières enserrant d’une ceinture ou coupant d’une écharpe la surface presque circulaire de la ville. Ce Dijonnais qui trouvait, autour de la cité lorraine comme autour de sa cité natale, de beaux vignobles et des vignerons laborieux et passionnés, — lui qui avait des vignes dans les revenus de sa prébende, — il n’en souffle pas mot, même dans ceux de ces discours où il passe en revue les formes diverses du travail humain[1]. Pas un mot, non plus,

  1. Cf. Ernest Jovy, Recherches sur Bossuet, pp. 5, 8, 11, 157, 178, 177