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fin, un cercle vicieux dont nous ne sortirons pas. » A ces paroles M. Brousse en ajoutait d’autres, non moins courageuses : « C’est au moment où l’on projette de faire une grève qu’on nous demande des crédits extraordinaires pour ceux-là mêmes qui en très grande partie vont faire cette grève. » Le député André Lefèvre, dans la même séance, a proclamé les mêmes vérités : « Nous assisterons une fois de plus, a-t-il dit, au double phénomène auquel nous avons assisté au cours de la guerre. On réclame de hauts salaires, parce qu’il y a des augmentations de prix ; et après, il y a des augmentations de prix parce qu’il y a de hauts salaires. Cela signifie purement et simplement qu’il y a, dans le public, une trop grande abondance de moyens de paiement. »

Après avoir ainsi mis en lumière les conséquences de l’inflation, M. Lefèvre soulignait la nécessité de se restreindre et de produire : « On n’arrivera à faire baisser le prix des produits fabriqués qu’en produisant beaucoup et en consommant moins. » Ce sont deux axiomes que les travailleurs de tout ordre devraient avoir présents à l’esprit. Le simple bon sens nous avertit qu’après l’effroyable destruction de capital dont notre pays a souffert, il faut le reconstituer. Cette reconstitution ne peut se faire que par l’épargne, et l’épargne ne se crée que par un travail produisant plus que ce que le pays consomme.


LES REMÈDES

Exposer les causes qui ont amené la vie chère, c’est tracer le programme des remèdes qui la feront disparaître ou qui du du moins la ramèneront à un niveau supportable. Parmi celles qui sont nées de la guerre, quelques-unes disparaîtront d’elles-mêmes. La production, ralentie ou supprimée dans beaucoup de branches, va reprendre peu à peu : en premier lieu la production agricole, qui échappe plus que les autres à l’action gouvernementale et qui, grâce à l’énergie de nos cultivateurs, commence déjà à donner des résultats comparables à ceux de l’avant-guerre et qui les dépasseront. Sur ce terrain comme sur d’autres, la routine cédera le pas aux méthodes modernes. Aux phosphates de l’Algérie et de la Tunisie vont s’ajouter les potasses d’Alsace : aucun pays ne sera mieux approvisionné d’engrais que la France.