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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/176

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qu’elles en sont les membres, nourris de sa substance, obligés, en retour, d’en soutenir la vie. De là une nécessité logique de discipline et, au besoin, de sacrifices. Prenons ces objections des champions de la résistance... Que Jansénius n’a point eu la faculté de plaider juridiquement sa cause ? — Mais l’Eglise a bien le droit de juger ce qu’elle veut ! « Quand le livre de Jansénius n’aurait eu ni adversaires, ni sectateurs, » il relevait d’elle.

... Qu’Innocent X n’était pas théologien ? — Mais ne tremblez-vous pas en voyant « les malheureuses ouvertures que donne cette induction injurieuse, » par où l’on pourrait toujours récuser le premier magistrat, le docteur suprême de l’Eglise ?

... Qu’il y a des Evêques qui repoussent le Formulaire ? — Non, point pour le fond, affirme Bossuet ; la condamnation doctrinale portée par le Pape rallie « l’acceptation et le consentement de tous les évêques ; » leur dissentiment ne porte que sur l’opportunité de publier le Formulaire.

Donc, laissez là, s’il vous plaît, le Pape, les Assemblées du Clergé, les Évêques : voyez ce qu’il y a derrière eux : l’Église. « Pensez à quoi vous vous hasardez... Eh quoi ! de tels jugements des Supérieurs sont-ils de si peu de poids ? Vous dites : « J’ai ma conscience, mes scrupules... parce que je ne sais pas si les faits sont tels que le jugement canonique le suppose. » Mais précisément, « s’il y en a quelques-uns » qui doivent avoir de toute nécessité logique « cette déférence, ce sont surtout ceux qui n’ont nulle connaissance du fait et nulle obligation de s’en enquérir. »

Mais, à le bien prendre, y a-t-il des chrétiens auxquels il soit permis de n’avoir pas cette déférence ?... Encore une fois, comprenez ce qu’est l’Eglise. Ne voyez-vous pas que vous la désarmez ? que vous sapez sa magistrature, avec son magistère spirituel ? que vous la tuez ? L’Eglise devra-t-elle, juge timide et asservi, attendre que les faits soient avérés par le consentement des parties ? Sa science de la vérité, comme sa puissance sur ses sujets est-elle subordonnée à leur contrôle : piteuse souveraine qui attendrait pour ses ordonnances la vérification et l’approbation de ses sujets ! « L’Eglise prendra-t-elle jamais « aucun jugement, si, après qu’elle les a rendus canoniquement, ils ont si peu d’autorité que ses enfants auront droit de lui soutenir qu’ils ne peuvent pas, sans offenser Dieu, croire respectueusement qu’elle a bien jugé ? En vérité, mes