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de 60.  1022. Il s’ensuivait immédiatement que l’on pouvait calculer la masse des diverses molécules. C’est ainsi que la masse d’une molécule d’eau est trouvée égale à environ 3.  10-23 gramme, c’est à dire qu’il en faut environ 30 000 milliards de milliards pour faire un gramme d’eau.

Ce résultat admirable, mais obtenu par des méthodes un peu indirectes, a soulevé une juste admiration. Mais, pour être admis sans conteste, il lui manquait des confirmations plus précises et obtenues par des méthodes complètement indépendantes et différentes. C’est fait maintenant.

Des nombres extrêmement concordants pour la valeur de N ont été obtenus récemment par les méthodes suivantes :

1o En partant de l’étude expérimentale et théorique de la diffusion des substances dissoutes. Je ne m’étendrai pas, malgré son intérêt, sur ce procédé dont l’exposé serait nécessairement un peu ésotérique ;

2o Par l’étude de la répartition de l’énergie dans le spectre des corps incandescents. Même remarque que pour la méthode précédente ;

3o Par l’étude de la charge électrique de ces particules, de ces poussières microscopiques chargées d’électricité qu’on appelle des ions. J’y reviendrai prochainement lorsque j’exposerai les découvertes récentes sur la structure granulaire de l’électricité et la théorie électronique de la matière ;

4o Par l’étude de la dislocation des atomes radioactifs que j’examinerai en même temps que la méthode précédente ;

5o Par l’étude du bleu du ciel. Lord Rayleigh, le grand physicien anglais qui vient de mourir, a montré que la couleur bleue du ciel est causée par la diffusion d’une partie des rayons du soleil sur les molécules de l’air. Il en a déduit des relations numériques qui existent entre l’intensité de la lumière directe du soleil et celle du bleu céleste à diverses distances apparentes du soleil. On conçoit que ces relations numériques dépendent du nombre des molécules diffusantes qui nous rendent visible et lumineuse une région donnée du ciel. Le nombre N se trouve ainsi déterminé par de simples mesures photo métriques sur le ciel bleu et le soleil. On a obtenu ainsi pour N des valeurs comprises entre 45 et 75.  1022, donc très concordantes avec les nombres obtenus indépendamment par d’autres méthodes. N’est-il pas admirable de voir l’azur céleste nous apporter ainsi la clef des phénomènes qui se cachent dans l’intimité de la matière ?

6o Par l’étude des mouvements browniens.