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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/318

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LA
BATAILLE DE FRANCE

VII [1]
LA VICTOIRE
(11 octobre-11 novembre)


LES VEILLÉES DE SENLIS

On ne dormait guère à Senlis. Conscient de l’importance de l’heure, Foch semblait le capitaine qui, ayant conduit son navire de haut bord à travers un monde d’écueils, se trouve devant une barre difficile, propre à lui interdire l’entrée du port aperçu. Le petit état-major groupé autour de lui et qui, d’admirable façon, s’identifiait à toutes ses pensées, travaillait jour et nuit à conjurer les dernières difficultés, remuant les projets, ordonnant les attaques, préparant les manœuvres. Un général Weygand, capable, vibrant, tout frémissant de pensées, est le plus précieux des collaborateurs pour son chef ; son dévouement, tout en activité et en ingéniosité, est une des singulières ressources du grand chef qui, sûr de son major général et de ses officiers, peut ainsi garder, à travers les événements qui l’assiègent, ce sang-froid, qualité maîtresse de l’heure.

Confiant en ce groupe qui l’entoure, Foch, d’autre part, l’est pleinement en ses lieutenants et en leurs soldats. Depuis

  1. Voyez la Revue des 15 juillet, 1er et 15 septembre, 1er et 15 octobre et 1er novembre.