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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/334

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télégraphié à Pétain et à Pershing qu’il importait de développer sans retard les « brillants succès » obtenus et de poursuivre sans relâche l’ennemi en direction de Sedan-Mézières par une action étroitement conjuguée et vivement menée.

Le 3, effectivement, les deux armées avançaient en liaison sur un front considérable et sur une profondeur variant de 5 à 10 kilomètres. Les 38e, 9e et 14e corps de l’armée Gouraud achevaient de libérer l’Argonne septentrionale. Car le 38e s’étant emparé de la Croix-aux-Bois, Livry, Boult et Belleville-sur-Bar, était ensuite, suivant l’ordre formulé, dépassé par le 9e qui, ayant réduit rapidement un réseau de mitrailleuses allemandes, occupait Quatre-Champs, Noirvel, les Alleux, Châtillon-sur-Bar. A 17 heures, la cavalerie de Gouraud pénétrait dans Le Chesne que l’infanterie occupait deux heures après. Le 14e corps, cependant, ayant achevé d’occuper les bois de Voncq et du Chesne, bordait le canal des Ardennes. Ce soir-là, les Américains avaient porté leur front à Mont devant Sassey-Montigny-Belleval-Belleville-sur-Bar.

L’ennemi ne s’arrêta qu’au canal des Ardennes ; nous bordions toute la rive Sud de Semuy à Le Chesne ; mais l’Allemand, occupant les hauteurs de Tannay, au Nord de la Bar, balayait de mitraille tous les points de passage. Gouraud entendait bien néanmoins ne pas faire de halte en une marche si bien commencée. Le 5e, les 9e et 14e corps tentaient de franchir le canal ; le 9e y réussit en liaison avec les Américains qui, le 4, avaient atteint la rive gauche de la Meuse en amont de Wiseppe et conquis toute la forêt de Dieulet. Et il n’y avait pas de doute que, le 6, le canal ne fût de toutes parts franchi. Gouraud, qui, en quatre jours, venait de porter ses armées de 20 kilomètres vers Sedan, avait maintenant, pour paraître devant la ville, deux fois moins de chemin à faire. Le 5, Foch, félicitant Pershing, lui prescrivait de poursuivre les opérations le long de la Meuse en direction de Bazeilles et de les étendre dans toute la mesure possible sur la rive droite de la Meuse.

Déjà, le Maréchal établissait en son esprit une liaison entre l’opération si brillamment menée dans cette région avec celle qui, tous les jours, se préparait plus activement à l’Est de la Moselle. « Présumant qu’une fois arrivés à la Meuse, nous allions voir notre action se ralentir par la rivière à franchir (au Sud de Bazeilles) et par la nature du terrain de la rive