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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/349

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alliées aux quartiers généraux d’armée, était téléphoniquement transmise jusqu’aux avant-gardes portait :

Maréchal Foch à commandants en chef :

Les hostilités seront arrêtées sur tout le front à partir du 14 novembre à 11 heures, heure française ;

Les troupes alliées ne dépasseront pas, jusqu’à nouvel ordre, la ligne atteinte à cette date et à cette heure...

A 2 h. 15, pendant cette nuit historique où la brume et l’obscurité étaient encore déchirées par les éclairs des canons, les parlementaires allemands s’étaient réunis dans le wagon-bureau du train du Maréchal et, à 5 h. 10, avaient signé, sous le nom d’armistice, la capitulation qu’on leur avait dictée.

On en connaît les termes : ce serait sortir de mon sujet que de les commenter ou même d’en rappeler le détail. Sans plus de combats, sans plus d’efforts pour essayer de relever leur fortune abattue, les petits-neveux de Bismarck et de Moltke avaient accepté de livrer, — la France s’étant libérée elle-même avec l’aide de ses Alliés, — tout l’énorme territoire qui jusqu’au Rhin, de la frontière hollandaise à Bâle, restait entre leurs mains, de livrer les têtes de pont de Cologne, Coblence et Mayence, de renoncer incontinent aux bénéfices des abominables paix de Brest-Litovsk et de Bucarest, de livrer les flottes, les sous-marins, les avions, les canons, de livrer, sans réciprocité, leurs prisonniers de guerre, bref de tout livrer. En fait, puisque incapable de suivre l’exemple magnifique qu’après septembre 1810 et jusqu’en février 1871, nous avions donné, et de lutter pour l’honneur même contre toute espérance, l’Allemagne livrait sans plus de combats ses frontières et ses armes, elle livrait surtout son honneur et sa gloire. Suivant une expression juste d’un des généraux vainqueurs, la victoire étant grande, il y avait quelque chose de plus énorme que la victoire : la capitulation.

Elle était l’aveu éclatant d’une défaite irrémédiable, l’aveu éclatant de la terreur qu’inspirait la menace d’un inéluctable désastre. Elle couronnait la bataille de sept mois où, fermes dans l’infortune, les Alliés avaient, dans la fortune, gardé une inébranlable résolution issue de la confiance des chefs dans les soldats, des soldats dans les chefs.

« Officiers, sous-officiers et soldats des armées Alliées :

« Après avoir résolument arrêté l’ennemi, vous l’avez,