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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/358

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— au demeurant le chef le plus précieux qu’armée pût avoir en de telles circonstances et sous la main d’un Foch.

Il avait amené à celui-ci l’admirable cohorte des grands chefs. C’est grande fortune que la France ait possédé une pareille pléiade de soldats émérites. Parce que en cette bataille, les « Armées » apparaissent comme les grands instruments d’action, un Mangin, un Gouraud, un Debeney, un Berthelot, un Humbert, un Guillaumat, un Degoutte, chefs directs de ces armées, ont été, au cours de ce drame que j’ai essayé d’écrire, sans cesse en scène. Mais, entre ces hommes qui apparaissent ici comme les grands acteurs du drame et l’illustre chef qui les actionnait, les chefs de groupes d’armées n’ont cessé d’agir, jouant leur rôle d’actifs et infatigables « coordinateurs. » Entre les mains de Fayolle, de Maistre, — et Castelnau se préparait, en novembre, à jouer le même rôle au-dessus des armées de Lorraine, — les directives d’un Pétain deviennent les ordres précis qui de deux, trois, quatre armées font « un groupe » agissant, s’aidant, s’appuyant, collaborant en une étroite harmonie. Qui louera assez le rôle de Fayolle, notamment, qui, du 23 mars au 11 novembre, restera constamment sur la brèche, tenant en ses mains les rênes de ces armées qui, après avoir, en mars et en juin 1918, fermé la voie à l’invasion, ont plus qu’aucunes autres, contribué à la refouler ? Cet ancien maître de l’École de guerre, je le vois dirigeant un Debeney, un Humbert, un Mangin, actionnant les énergies, modérant au besoin les témérités, contrôlant les renseignements, ordonnant les efforts, coordonnant les volontés ; et un tel rôle demande des qualités dont le vainqueur de la Somme a depuis longtemps fait la preuve. Je le verrai toujours, si beau de sérénité calme et d’énergie souriante en ces terribles journées de mai 1918 où, avec des troupes de fortune, des états-majors sans troupes, des divisions sans artillerie ou des artilleries sans attelages, il faisait front à une situation sans précédent, et gagnait là les plus beaux lauriers de sa magnifique carrière.

Et ce que je dis d’un Fayolle, je le dirai d’un Maistre ; c’est le même rôle entre les mains d’un autre maître de l’Ecole, chez qui la guerre a révélé un soldat à poigne au service d’un cerveau merveilleusement pondéré, Maistre, à la tête du groupe qui, sous le commandement des Berthelot, des Guillaumat et