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Police exaltent le bon esprit de leurs administrés, protestent que le gouvernement est inébranlable, que les seuls sentiments qui animent les habitants sont : Amour pour l’Empereur, et sa dynastie, admiration de sa gloire, reconnaissance de ses bienfaits. De tous les départements, de l’ancienne comme de la nouvelle France, s’élève un hymne dont les strophes sont, à la vérité, assez banales, mais que rend intéressantes le fait qu’à ce même moment les Conseils de recrutement sont en séance dans tout l’Empire et que les préfets, en tournée de révision, sont mieux à même de juger les impressions que la nouvelle aurait produites dans les populations. D’Indre-et-Loire, comme de la Roër, comme du Rhône, de la Gironde, du Loiret, de la Nièvre, de la Moselle, de l’Ourte, de l’Eure[1], des Basses-Pyrénées, de la Haye, d’Amsterdam, d’Emden, de Groningue, comme de Florence et de Sion, une acclamation s’élève que troublent à peine quelques remarques suggérées par le dévouement, sur les rassemblements qu’ont tenté de former, dans quelques communes, des hommes de 1793. On a eu à réprimer quelques excès de zèle de jeunes auditeurs qui ont fait afficher des placards flétrissant « une poignée de brigands soudoyés par l’Angleterre qui a eu l’audace de violer l’Hôtel de Son Excellence le ministre de la Police. » — On a, comme à l’ordinaire, été excédé des déclarations de fonctionnaires appartenant à tous les services[2], mais on n’a guère eu à retirer de cette occasion qui s’est présentée, comme eût dit Réal, de tâter le pouls à l’opinion que certains bruits assez curieux. Ainsi M. de Villiers du Terrage, directeur général de la Police de Hollande, établit une concordance de dates, entre la tentative de Malet, l’arrivée de Moreau en Angleterre, et le passage du général Sarrasin à Héligoland, et il attribue tous ces mouvements aux Anglais. Berckheim, le commissaire spécial de

  1. Ici une discordance : « Plusieurs personnes de ce pays, écrit le baron de Chanbaudoin, connues pour être du parti Jacobin, ont donné la nouvelle que le Prince de Ponte Corvo, à la tête de 40 000 Anglais, s’était emparé de Dantzick et que cette ville était en leur pouvoir. » À rapprocher de cette phrase dite par Malet à Boutreux, « que le Prince royal de Suède allait faire une descente et écraser l’Empereur, et qu’alors le Sénat changerait la forme du gouvernement. »
  2. Il faut retenir, à cause du rôle que joua son auteur, trois ans plus tard, une lettre adressée à Mgr le Duc de Rovigo, ministre de la Police générale à Paris, par le Colonel commandant d’armes d’Antibes, Cunéo d’Ornano, où il donnait cours à son indignation « contre les misérables qui ont osé méditer des projets contre le Gouvernement et exercer des violences contre ses ministres. »