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pour le roi de Rome. » Pasquier admet que « si la fausse nouvelle eût été vraie, les fidèles sujets, ceux qui ont à la fois quelque lumière et quelque énergie, se seraient rangés autour de leur légitime Souverain, le roi de Rome devenu Empereur ; mais, dit-il, le combat se serait peut-être engagé, et l’on peut juger quelles en auraient été les fâcheuses conséquences, en ne mettant pas même en doute que la victoire serait restée à la bonne cause. » L’hypothèse, étant donnés les événements qui venaient de se produire, était peu soutenable, puisque jusqu’au moment où Malet lui-même attaqua Hulin à main armée, il ne trouva personne pour lui résister, ni parmi les officiers supérieurs, ni parmi les fonctionnaires, ni parmi les soldats.

Il n’est pas moins vrai que, avec une intelligence véritable de la situation politique, Pasquier met le doigt sur la plaie, lorsqu’il écrit : « C’est avec le temps seul que les institutions civiles nouvellement créées peuvent acquérir dans un Etat l’importance qui en fait la garantie salutaire du trône contre les fureurs anarchiques, et contre les usurpateurs militaires. Cependant, s’il y a un moyen hâtif de les renforcer et de les consolider, je ne mets pas en doute que Sa Majesté, dont le puissant génie perce dans l’avenir plus loin qu’il n’ait jamais été donné à un autre homme de le faire, ne s’occupe aussitôt qu’elle en aura le loisir, de rechercher et d’employer les moyens d’y parvenir. »

Il laissait donc à Sa Majesté le soin de répondre à une telle question, « qui n’est, disait-il, que du ressort de la plus haute politique. » L’Empereur, à la vérité, ne pouvait faire qu’il fût « son petit-fils, » et il savait à merveille que tout son système héréditaire péchait par là : mais à défaut de quelques siècles à offrir au souverain, M. Pasquier préconisait le rétablissement au profit de la Police de Paris, « d’une garde qui ressemblât à ce qu’étaient autrefois le guet à cheval et le guet à pied, prenant l’ordre du préfet de Police comme le guet le prenait autrefois du lieutenant de Police. » Pasquier se trouvait d’autant plus fort à vanter cette rénovation qu’il l’avait déjà proposée l’année précédente. Il ne présentait alors cette nécessité que sous les rapports de la sûreté contre les voleurs et les malfaiteurs. « Elle se renforce aujourd’hui, disait-il, de l’avantage infini qu’elle présenterait pour la surveillance sur les militaires, car il ne faut pas se le dissimuler, il n’y a que les militaires