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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/382

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qui a éclaté le 23 octobre dernier, écrit Clarke, sont traduits en ce moment à une commission militaire. Tout se prépare pour le supplice qu’ils ont mérité ; mais les circonstances commandent d’autres mesures. D’après la facilité avec laquelle deux des corps de la garnison de Paris se sont prêtés à l’exécution des ordres donnés par les factieux, il est nécessaire qu’un grand exemple de sévérité apprenne désormais aux militaires que l’obéissance prescrite par la discipline ne doit dans aucun cas les porter à des actes qui seraient en opposition avec la fidélité qu’ils ont jurée à leur souverain. »

Le 1er bataillon de la Garde de Paris et la 10e cohorte du premier ban, « s’étant mis en marche d’après les ordres de Malet, » devraient être traités comme rebelles et punis de la peine capitale. « On se contentera de livrer les officiers, tous les officiers, a une commission militaire. Les grenadiers de ce bataillon et tous les sous-officiers, ainsi que les quinze plus anciens soldats, seront dégradés en présence de la garnison de Paris, et relégués dans les dépôts de pionniers. De la 10e cohorte, stationnée à Versailles, les officiers seront mis en jugement ; les sous-officiers et cinq hommes par compagnie seront envoyés aux pionniers.

Et M. le duc de Feltre insiste pour l’exécution immédiate. Il ajoute qu’il n’est pas à craindre, vu la fermeté des officiers qui les commandent a présent, que ces corps se livrent à aucun mouvement dangereux pour la tranquillité publique.

Toutefois, le Conseil des grands dignitaires ne jugea point à propos de donner cette satisfaction au ministre de la Guerre, et il attendit les ordres de l’Empereur.


OÙ ÉTAIT L’EMPEREUR ?

Où était l’Empereur ? Le 23 octobre, il a couché à Ponniskoë, sur la route de retour ; il a constaté le 26 qu’il ne saurait forcer le passage à Malojaroslavetz, et il a dicté l’ordre de mouvement rétrograde qui reportera son armée, après dix jours de marche, à douze lieues de Moscou, et qui « lui fera reprendre une route tracée par l’incendie et jalonnée par la mort. » Où, et à quel moment a-t-il, sur cette route, reçu la nouvelle des événements de Paris [1] ? Le 7 novembre, à Michalewska. Il

  1. J’ai essayé de répondre à cette question très controversée, dans le volume : Pour l’Empereur, — Pages d’Histoire nationale, 1re série, in-18, 1911.