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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/399

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sentiments meilleurs et apportera, sous les auspices du pape réconcilié, un concours d’influences utiles, mais le but essentiel du voyage, c’est d’amener le pape à Paris, pour y couronner l’Impératrice et le roi de Rome. Et c’est pour cela qu’il mène avec lui Marie-Louise dans la glaciale « Maison des Siècles ; » c’est pour cela que, jusqu’à ce qu’il ait atteint le but, il ajoute concession à concession [1] jusqu’à démentir tout ce qu’il a pensé depuis sa jeunesse, et tout ce qu’il a ordonné depuis sept ans ; et c’est pour cela que, le 27 janvier, quand après une dernière visite au Pape, il monte en voiture pour venir diner à Paris, il estime qu’il a vraiment remporté une grande victoire.

Le 1er février, il tient un Conseil privé auquel il communique le Sénatus-consulte organique sur la Régence où se trouvent compris les articles relatifs au couronnement de l’Impératrice et du Prince Impérial, roi de Rome. Le 2, le Sénatus- consulte est transmis au Sénat ; Regnaud tente d’y justifier des dispositions qui abolissent, en ce qui touche la Régence dans les Constitutions, le paragraphe second de l’article 18 du titre IV du Sénatus-consulte du 28 floréal an XII, consacré par un plébiscite solennel, comme loi fondamentale de l’Empire. Ici on disait : « Les femmes sont exclues de la Régence ; » à présent on dit : « A défaut de toute disposition de l’Empereur mort, l’Impératrice mère réunit de droit à la garde de son fils, la Régence de l’Empire. »

Toutes les questions relatives au Conseil de régence sont réglées de façon à écarter les princes de la Famille impériale, pour donner l’autorité entière aux grands dignitaires et aux vice-grands dignitaires. Des titres spéciaux règlent le sacre et le couronnement de l’Impératrice et du Prince impérial. Présenté le 2, le sénatus-consulte est adopté le 5. Le couronnement est annoncé officieusement pour le 7 mars ; mais on n’ose rien rendre officiel ; de Fontainebleau arrivent de mauvais bruits. Les cardinaux italiens, dont l’Empereur a admis le retour, ont morigéné le pape, et l’on doute à présent qu’il maintienne sa signature. A Paris, ces incertitudes produisent le plus mauvais effet. Pour forcer la main à Pie VII, l’Empereur fait publier, au Moniteur, le texte du Concordat ; mais il est ensuite obligé d’annoncer l’ajournement du couronnement.

  1. Frédéric Masson : L’Impératrice Marie-Louise, p. 417 et suivantes.