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sous un feu violent de mitrailleuses, poussait l’ennemi en retraite sur le plateau de la Maladrerie et le bois d’Avaux, parvenant, en fin de journée, à Saint-Germainmont et Villiers devant le Thor. Le 5e corps refoulait les arrière-gardes ennemies encore à Maguivillers. Le 3e corps arrivait au Sud de Sissonne.

La gauche de Gouraud, étroitement liée à la droite de la 5e armée, avait, de son côté, vivement poussé vers le Nord. Le 10, elle avait, par une forte pression, fait cesser la résistance, et, le 11, s’était jetée sur les trousses de l’ennemi en retraite. A la fin de la journée, elle avait atteint Montaut-le-Grand, la route du Mesnil-Lepinois à Aussange, la voie Romaine, le cours de la Retourne, le Nord-Est de Machault, le Nord de Courtreuve, le Champ Bernard, le ruisseau des Bains et le cours supérieur de l’Aisne. Le 12, raflant un gros matériel abandonné, l’armée Gouraud précipitait sa marche : elle occupait, en cette seule journée, trente-six villes et villages. Et, en fin de journée, le 9e corps entrait à Vouziers et venait déborder l’Aisne, tandis que les autres corps prenaient position sur les hauteurs au Sud de la rivière. Le 13, toute l’armée la bordait.

La droite de Gouraud, de son côté, n’était pas restée inactive : elle avait, dès le 9, repris son essor dans la vallée argonnaise de l’Aisne, à l’Ouest de la chaîne où le 38e corps s’était emparé de Vaux-les-Mourons, Senuc, Grand Ham et Lançon, ce qui l’acheminait enfin vers Grandpré.

Les Américains y tendaient de leur côté. Ils avaient, le 4, déclenché une nouvelle offensive ; le 3e corps, obliquant à gauche, avait suivi la route Brieulles-Cuinet, le 5e pris Gesnes et, le long de la vallée de l’Aire et de l’Argonne, le 1er renversé tous les obstacles sur une profondeur de plus de trois kilomètres. Le soir de ce jour, le front atteint avait été la ligne Binarville-Baulny-Exermont-Gesnes et lisières nord du bois du Fays. Le 7, nos alliés s’étaient emparés de Chatel-Chehery en bordure orientale de l’Argonne et s’étaient avancés jusqu’à Cornay. Etendant leur action à l’Est, ils avaient, les 7 et 8, d’autre part, attaqué sur la rive droite de la Meuse et, appuyés par des troupes françaises, enlevé Consenvoye et le bois d’Haumont, puis, sur la rive gauche, Romagne-sous- Montfaucon et Cunel. Le 10, ils avaient, de part et d’autre de l’Aire, réalisé de tels progrès que, suivant l’expression du général Pershing, l’Argonne au Sud de Grandpré était, ce