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organisés par des troupes actives ou seulement renforcées par une faible quantité de réservistes récemment libérés du service actif.

Avec ces trois corps, il comptait sans doute étendre vers le Nord le mouvement débordant de la droite allemande, balayer toute la plaine de Belgique et des Flandres françaises jusqu’à la mer. Sur ce point, le gouvernement peut-être, le Reichstag à coup sûr, ne le suivirent pas. Il eut beau se débattre, se fâcher, faire campagne « pour son plus cher désir, » il n’obtint aucun succès et attribua même son renvoi du grand Etat-major et son affectation au commandement du 39e régiment d’infanterie à Dusseldorff (fin 1912) à la ténacité agressive qu’il avait mise à soutenir ses propositions.

Là, il établit, une discipline très ferme, surveille avec minutie l’instruction de sa troupe et s’efforce de développer l’ardeur guerrière de ses officiers en leur contant les fastueuses étapes de l’unification allemande, car il veut que l’armée soit à la fois la sauvegarde de la nation à l’extérieur et l’instrument de l’ordre à l’intérieur. Il s’agit de l’ordre impérial, bien entendu, car Ludendorff ne conçoit pas d’autre forme de gouvernement que celle instaurée par Bismarck en 1871, et c’est pourquoi il est si nécessaire à ses yeux que les officiers forment et continuent à former une caste jalousement gardée, dévouée corps et âme au souverain.


En avril 1914, nous le trouvons général-major et commandant de la 85e brigade d’infanterie à Strasbourg. Cet emploi, qui l’éloigne de la troupe et rend son action moins immédiate, lui sourit peu. Il s’en évade à toute occasion pour prendre part à de nombreux travaux d’état-major. En mai, il est déjà d’un voyage qui débute à Fribourg en-Brisgau et se termine à Cologne. En août, il doit participer à un exercice du même genre où l’on étudiera spécialement le ravitaillement des armées dans une hypothèse déterminée ; c’est ce que nous appelons un « voyage des services de l’arrière. »

A la déclaration de guerre, il rentre dans l’état-major et tout d’abord comme quartier-maitre à la 2e armée que commande von Bülow. A ce titre, il est chargé de suivre l’attaque brusquée de Liège dont la réussite doit ouvrir aux Allemands la porte de la Belgique.