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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/775

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russes qui ont envahi ou menacent la Prusse orientale et, en deux coups, délivre cette province. C’est la victoire de Tannenberg (24-29 août 1914), suivie de la première bataille de Mazurie (8-10 septembre).

De pareils succès excitent quelque peu contre lui l’envie des stratèges du front Ouest dont toutes les combinaisons ont échoué jusqu’ici. On le lui montre bien en l’envoyant tout à coup occuper le poste de chef d’état-major d’une armée en formation en Silésie, à proximité des Autrichiens battus, et dont elle doit servir à relever le moral. Mais cette armée passe précisément aux ordres d’Hindenburg et les choses s’arrangent d’elles-mêmes.

A la campagne de Prusse succède presque sans interruption celle de Pologne. Elle se subdivise en deux phases : l’une, en Pologne du Sud, dont le plan a été imposé par la Direction suprême et qui aboutit à un échec, puis à une retraite jusqu’aux points de départ ; l’autre, en Pologne du Nord, exécutée selon les vues de Ludendorff, et qui, après bien des heurts, est finalement couronnée par un succès tactique (28 septembre-20 novembre 1914). Ludendorff est fait général de division.

Placé sur le front oriental, il est persuadé, — comme cela est humain ! — que le Russe est l’ennemi principal et que sa défaite complète précédera de peu la fin de la guerre. Il ne reste donc pas inactif avec les renforts qu’il demande et obtient de la Direction suprême. En février et mars 1915, il exécute par son aile gauche (Prusse orientale), en remontant le bas Niémen, une attaque dont le but est de déborder entièrement la droite russe et de faire ainsi tomber tout le front de combat du grand-duc Nicolas. Dans une deuxième bataille de Mazurie, il remporte encore de grands succès tactiques, mais sans réussir à réaliser son plan grandiose.

En revanche, sa popularité croissante ajoute un poids singulier à ses propositions La Direction suprême, se rangeant maintenant à son opinion, se transporte dans l’Est avec l’intention de réaliser sur la Russie une victoire intégrale qui mettra définitivement cette Puissance hors de cause et permettra de reporter vers le front français toutes les forces des Empires Centraux. Pour appliquer dans l’Est le maximum de grandes unités, elle raréfie jusqu’aux limites de la prudence le front de France et constitue avec les hommes des