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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/848

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mieux, dans la situation d’Anna, que tous les Jagellons ensemble. (Un) sujet mixte est un trésor pour elle et pour toi. Je t’en supplie, examine ma thèse. Si ce gentilhomme n’est pas déplaisant, s’il est riche, reviens là-dessus, reste à D(resde) et pense profondément à mes raisons. Elles sont bien sages, bien désintéressées. Un Silésien, dans la politique actuelle, vaut mieux qu’un Polonais). On ne vous pardonnera jamais un Polonais), et un Silésien est irréprochable. C’est la liberté presque, la liberté d’aller et venir au moins. Dixi. Je n’ai pas changé d’opinion. J’ai dans ma manche un prince Bonaparte, fils de Lucien. Mais, d’après le mot : un étranger, je me retire. Je n’en parle pas ; mais je crierai jusqu’au dernier moment qu’un Polonais) est le plus mauvais mari qu’(Anna) puisse avoir. Mon dilemme subsiste. On compte les fortunes et les têtes qui restent à votre malheureux pays, et la pire condition est de rester riche, très riche et capable. C’est rester à l’état de proie pour l’aigle, ou à l’état de suspect.

Le jour est levé ; je viens d’ouvrir mes fenêtres. Je ferme cette lettre, et je vais l’envoyer aujourd’hui.

Tu l’auras, au plus tard, le 2 mars. Il a plu. Est-ce la fin de l’hiver ? Je commence à le croire.

Voici quatre jours que le vent du Sud a persisté.

Ai-je besoin de te dire combien je t’aime, après tout ce griffonnage plein de toi, d’Anna, que je voudrais libre et heureuse, libre de venir souvent à P(aris), et heureuse en la voyant hors des griffes de l’aigle, ou à moitié.

C’est un tort, à une mère, de dire : « Je laisserai ma fille libre de choisir, » car aucune fille n’est en état de choisir ; elle ignore la vie ; elle a des parents exprès pour l’éclairer. Bien entendu que la volonté des parents ne doit pas être tyrannique. Prie Dieu, ma chérie, que je t’écrive, dans six jours, que je travaille, car notre réunion dépend maintenant de l’achèvement des Paysans. Je ne puis partir que cet ouvrage fini.

Je n’ai pas encore pu envoyer ce que je t’avais annoncé ; le volume n’est pas achevé d’imprimer ; le petit buste n’est pas prêt.

J’envoie aujourd’hui à Paris pour savoir si je puis avoir un volume où se trouvent la fin de Béatrix et Modeste Mignon.

Allons, adieu, mon louloup ; soigne-toi bien, car tu sais si ta santé m’est précieuse ! Surtout ne te tourmente pas à mon