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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/923

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paternel. Puis l’ancien soldat de 1870 s’écrie : « Vive la France ! »

Toute l’assemblée reprend ce cri avec enthousiasme. Ensuite les orateurs socialistes et bourgeois s’en furent prendre des bocks de bière mousseuse. Pouvait-il en être autrement ? Tout à l’heure, en s’adressant aux socialistes, les partisans du Bloc national les appelaient « Messieurs ! » et les socialistes répondaient en disant : « Honorables auditeurs » (Verehrti Anwesendi).

Évidemment les choses ne se passent pas toujours ainsi, et parfois la discussion prend un tour très vif. Ce fut surtout le cas dans le Haut-Rhin, où l’on a le bonnet alsacien très près de l’oreille. Mais on n’a pas signalé d’incidents particulièrement regrettables au cours de toute la campagne qui vient de prendre fin.

Il ne me reste plus qu’à rappeler ce que fut le scrutin. À cet effet, il suffira de laisser les chiffres parler. Les listes du Bloc national ont passé à une grande majorité, de sorte que l’Alsace n’enverra pas un seul socialiste ni un seul radical à la Chambre.

Dans le Bas-Rhin, le nombre des. électeurs inscrits était de 155 707 contre 160 957 avant la guerre. Les premières données officielles sur le scrutin du 16 novembre indiquent que 130 737 électeurs de ce département ont marché aux urnes. Nous sommes donc en présence d’un joli pourcentage. Il est peut-être intéressant de rappeler que le nombre des abstentions fut plus élevé en 1871, lors des élections à l’Assemblée de Bordeaux ; en effet, le 8 février 1871, le Bas-Rhin comptait 101 741 votants sur 145 183 électeurs inscrits.

Qu’on le veuille ou non, nous sommes en présence d’un plébiscite : l’Alsace a parlé !


PAUL BOURSON.