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celle-ci, par exemple, écrite à propos de Balzac, sur les bords de l’Indre, entre Montbazon et Azay-le-Rideau : « Souvenirs de l’homme et souvenirs de l’œuvre sont ici confondus. » Ailleurs, après une promenade à Germigny-l’Evêque : « Pour connaître Bossuet, j’ai lu l’abbé Le Dieu et je me suis promené sur la terrasse de la Marne. Cela suffit. » Pour connaître M. Hallays lui-même, peut-être suffirait-il de voir en lui un Français classique, ou du XVIIe siècle (c’est la même chose), « n’y ayant pas » d’ailleurs, — comme on disait alors, — de plus vraie et plus belle façon d’être Français.

Il y en eut d’autres depuis, qui ne laissent pas de le charmer et même de l’émouvoir. M. Hallays a parlé de Beaumarchais avec bien de l’esprit. Il se peut qu’il déteste Jean-Jacques, — du moins je l’imagine, — mais Candide ne doit pas être pour lui déplaire. Une ironie délicieuse anime certain article sur Buffon, « un faux classique, » Buffon, « qui n’est point de ces hommes envers qui l’on sente impérieusement le besoin d’être juste. » Plus près de nous, une période de Chateaubriand, un vers de Lamartine ou de Victor Hugo désarme notre vrai classique et n’est pas loin de l’attendrir. Renan, je crois, trouva naguère le chemin de son esprit et de son cœur. Flaubert n’a point cessé d’enchanter son oreille. Artiste, c’est-à-dire sensible à la beauté des lignes, des couleurs et des sons, la beauté verbale est sur lui de beaucoup la plus forte. Une phrase, moins qu’une phrase, peut le ravir, et certain soir, au pays de du Bellay, pour lui-même, pour lui seul, il se plaît à répéter ces deux mots : « La douceur angevine. »

Mais « le siècle de Louis » est le centre où ses pensées et ses goûts se rassemblent. Goûts et pensées d’un moraliste, on ne saurait trop insister sur ce point. Un jour qu’il visite Maintenon, M. Hallays se rappelle certain dialogue de l’Éducation sentimentale. Frédéric et Rosanette, eux aussi, visitaient une demeure historique. C’était Fontainebleau, mais c’est la même chose. « Devant le portrait de Diane de Poitiers en Diane infernale, Frédéric se mit à considérer tendrement Rosanette en lui demandant si elle n’aurait pas voulu être cette femme.

— Quelle femme ?

— Diane de Poitiers.

Il répéta : « Diane de Poitiers, la maîtresse de Henri II. » Elle fit un petit : « Ah ! » Ce fut tout. Son mutisme