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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/207

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notamment l’aménagement du Rhône et du Rhin, la liaison entre le rail et le bateau, que le ministre a l’intention d’assurer, malgré les résistances locales qui s’y sont toujours opposées, le programme d’agrandissement de nos canaux, la réfection de notre outillage ferroviaire, etc… Mais nous déplorons de voir engager nos finances dans les voies périlleuses de la construction et de l’exploitation des navires.


Divers indices nous laissent heureusement supposer qu’il se produira un revirement complet dans l’orientation des idées sur la reconstitution de la flotte marchande. C’est d’abord la consultation du suffrage universel qui s’est nettement prononcé contre l’étatisme. C’est, en second lieu, la déclaration du cabinet Millerand en faveur de la liberté commerciale. Le ministère contient des hommes d’affaires comme M. Yves Le Trocquer et M. Bignon, qui paraissent l’un et l’autre acquis aux conceptions que nous venons de soutenir.

Nous avons dit que nous étions partisan de la modification du projet de loi de 1080 millions actuellement déposé au Sénat. Plus que jamais cependant, il importe d’avoir une politique de réalisation en ce qui concerne notre marine marchande. Nous avons fait ressortir combien il était urgent de la relever de ses ruines. Sans vouloir entrer dans des détails qui nous conduiraient trop loin, nous retenons du projet dont nous avons parlé la seule idée juste qu’il contienne, à savoir que l’intervention de l’État doit se manifester pour porter notre shipping à 5 millions de tonnes. Avant tout il est indispensable que l’armement français se procure son outil de travail, c’est-à-dire le navire, au même prix que ses concurrents commerciaux étrangers opérant sur le même terrain. Il est en second lieu désirable que la construction de notre flotte s’effectue sur les chantiers français. Le problème consiste donc à permettre à ces chantiers de produire le tonnage aux mêmes conditions que les firmes anglaises ou américaines. L’ancienne législation relative à la prime à la construction avait l’inconvénient de reposer sur une fiction et de donner un essor factice à nos établissements navals. Il faut le remplacer par des barèmes soigneusement étudiés, révisables périodiquement selon les cours, et établissant des péréquations de prix sur les matières premières (tôles, — aciers, » — profilés)