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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/604

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LETTRES Á L’ÉTRANGÈRE
NOUVELLE SÉRIE[1]


A Madame Hanska, à Dresde.

Mercredi [21 octobre 1846].

Hélas ! ma minette chérie, je n’ai que mauvaises nouvelles de tous côtés. Hier, j’ai travaillé comme un nègre, ou comme un [Alexandre] Dumas ; j’ai écrit la valeur de deux chapitres, et j’ai corrigé les trente colonnes que j’avais en épreuves sur mon bureau. C’est effrayant. Toutes les démarches faites pour avoir de l’argent ont été couronnées d’un insuccès complet. Primo : Bertin à qui j’ai envoyé la Ch[ouette], est devenu froid, et, sans positivement refuser, a dit ce : « Nous verrons » qui est le non des gens polis. Et cependant l[es chapitres écrits d]es Petits Bourgeois sont composés en imprimerie. Secundo : Furne est tombé dans une fureur épileptique quand on lui a demandé ce qui m’est dû, et [il] a dit de le réclamer judiciairement. Il a parlé de mes retards !… Eux, qui, en cinq ans, n’ont pas fait une annonce. Enfin, c’est un procès à avoir ou du moins de grandes difficultés pour obtenir ce qui m’est dû par un traité. Et l’on parle de ne pas nous faire payer d’avance par les libraires ! Ah ! on ne connaît pas cette race-là ! Ainsi, de vingt mille francs (quinze mille de Furne, et cinq mille de Bertin), zéro. J’avoue que ce n’est pas effrayant seulement pour le moment, mais [aussi] pour l’avenir. Voici pourquoi : j’ai tant de travaux littéraires, en novembre, en

  1. Voyez la Revue des 15 décembre 1919, 15 janvier, 15 mars 1920.